Page 68 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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66    9. Argent nouveau

            «Quand une banque fait une avance sur titres, un prêt, elle ne
        met pas de l’argent frais en circulation; elle ne fait que monnayer
        temporairement des valeurs mobilières. Lorsqu’elle fait à un in-
        dustriel, par exemple, un prêt de $100, 000 remboursable dans
        trois mois, elle lui ouvre un compte où cette somme est inscrite.»
            Voilà ce que dit la Banque Canadienne Nationale.
            Mais, monsieur le banquier, qu’est ce que monnayer une va-
        leur mobilière si ce n’est pas faire de la monnaie, faire de l’argent
        sur cette valeur mobilière ? Quel autre personnage que le banquier
        peut faire cela dans le pays?
            Et cette somme de $100,000 inscrite au crédit de l’emprunteur,
        ce n’est pas un dépôt fait par l’emprunteur puisqu’il est venu de-
        mander de l’argent, non pas en déposer. Où la banque l’a-t-elle pris,
        ce compte de $100,000 ? L’emprunteur n’a pas apporté d’argent. Le
        banquier n’a pas sorti d’argent de son coffre pour l’emprunteur. Le
        banquier n’a pas ôté de l’argent d’aucun compte de ses déposants.
        Et voici quand même un compte créditeur nouveau de $100,000.
        D’où viennent ces $100,000 qui s’ajoutent à tout l’argent qui existait
        auparavant ?
            Cet argent vient de naître et il est né dans la banque sous la
        plume du banquier.

                       Les prêts font naître l’argent
             Les remboursements font disparaître l’argent
            Le bulletin de la Banque Canadienne  Nationale  continue
        d’ailleurs en disant:
            «L’industriel tirera des chèques sur son compte, au fur et à
        mesure de ses besoins, pour acheter des matières premières et
        payer ses frais généraux, y compris les salaires de ses ouvriers
        et de ses employés, en attendant que ses produits soient ven-
        dus. À l’échéance, il remboursera la banque. Ce prêt, qui avait été
        consenti à des fins déterminées, sera donc anéanti. Après avoir
        rempli sa fonction normale d’instrument des échanges, cet argent
        disparaît, laissant les richesses dont il a permis la création.»
            C’est ce que dit le bulletin de la Banque.
            Voyez-vous ? Le banquier lui-même dit clairement, sans doute
        sans le vouloir, qu’il s’agit bien d’argent: «Cet argent disparaît ...»,
        dit-il.
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