Page 61 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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8. Argent perverti
Argent-dieu. Argent-tyran
Le système financier doit exister pour distribuer les produits
Perversion
Si vous étiez sur un champ de bataille moderne, vous ne seriez
pas trop surpris de voir des chars d’assaut faucher des vies humai-
nes. Ce ne serait certainement pas une vue réjouissante, mais au
moins vous admettriez que les engins y sont employés à l’usage
pour lequel ils furent destinés. Le char d’assaut a été conçu pour
cracher des obus, non pas pour conduire les gens à la messe. Mais,
si dans une rue de votre ville, ou de votre village, vous voyiez les
automobilistes se précipiter sur les piétons, les poursuivre jusque
sur les trottoirs pour les écraser, vous trouveriez ce spectacle autre-
ment plus révoltant que celui du champ de bataille. N’est-ce pas?
Détourner une chose utile de sa fin, pour en faire un instru-
ment nuisible, c’est une perversion. Et plus la chose était parfaite,
plus la perversion est criminelle.
C’est bien là le cas de notre système financier, de notre sys-
tème d’argent. Le système d’argent fut conçu pour servir, pour
faciliter la vie économique en société. Ce fut certainement une des
plus belles inventions de l’homme. Mais cet instrument de service
est devenu un instrument de punition. Social par essence, il a été
perverti, transformé en un outil extrêmement antisocial.
Argent-dieu
Cette perversion a vicié toute la vie économique. L’argent est
aujourd’hui imposé à l’homme comme un dieu, dans un sens bien
plus profond et bien plus étendu qu’on ne l’entend généralement
dénoncer par les prédicateurs les plus éloquents.
Pas seulement le dieu qu’adore l’avaricieux en contemplant son
or ou son compte de banque. Mais un dieu exigeant et tyrannique
que doivent servir toutes nos activités économiques. L’argent est
devenu la condition et la fin de toute entreprise qui devrait être
orientée au service des besoins humains.
On cultive un champ si ça doit rapporter de l’argent. Si le champ
ne produit que du blé qui ne se vend pas, on le laisse en friche. On
fabrique des chaussures si ça paye. S’il n’y a pas d’argent au bout,
quand même il y aurait encore des pieds nus, on arrête. Et tant qu’il
y a de l’argent au bout, même si tous les pieds sont chaussés, on