Page 59 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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7. L’automation       57

            Pourquoi cette différence?  À quoi l’attribuer?  Uniquement à la
        machinerie dont dispose le deuxième.  Augmentation de produc-
        tion due, non pas à un plus gros apport de main d’œuvre, mais à
        l’apport d’une machinerie plus perfectionnée.
            Les machines sont des instruments de capital,  du véritable
        capital; c’est là ce qui fait la grande productivité moderne. Les ins-
        truments de capital, les machines, produisent de plus en plus;  les
        hommes, de moins en moins. Ce n’est donc pas du plein-emploi
        d’hommes, mais du plein-emploi de machines qu’il faut attendre
        une plus grande production, donc plus de biens à distribuer.

                         Une politique de non-sens
            Une production complètement  automatisée  serait la perfec-
        tion;  à condition évidemment que l’on ne perde pas de vue le but
        de la production qui est de fournir des biens. Si on pense qu’elle
        existe pour fournir de l’emploi, on pervertit son but. C’est pourquoi
        la politique dite de travaux d’hiver dans laquelle le gouvernement
        apporte sa contribution aux frais de main d’œuvre seulement, ce
        qui fait laisser la machinerie en garage et atteler les hommes à la
        place des machines, c’est une politique de non-sens, une politique
        de politiciens qui ont perdu le nord.
            «Mais, objectera-t-on, c’est pour permettre aux hommes d’ob-
        tenir des salaires, d’avoir de l’argent.»  C’est justement ce règle-
        ment-là, l’obligation d’un emploi lucratif pour obtenir de l’argent.
        C’est ce règlement-là, règlement purement financier qui pousse à
        l’absurdité, à tel point que ceux-là mêmes qui l’invoquent sont obli-
        gés de le violer pour empêcher l’effondrement total.
            Toutes les mesures de sécurité sociale sont de l’argent disso-
        cié de l’emploi pour ceux qui le reçoivent.  Et si l’on mettait fin à
        ces distributions d’argent non lié à l’emploi, prestations, pensions,
        allocations de toutes sortes, l’économie deviendrait plus barbare
        que jamais; de plus en plus barbare à mesure des inventions de la
        science appliquée, du progrès.
            S’il n’y avait plus besoin que de 10 personnes sur 100 pour
        entretenir le flot de la production, faudrait-il encore refuser aux 90
        autres le droit à un revenu?
            Dans une économie conforme aux faits, où les instruments de
        capital produisent de plus en plus et le labeur humain de moins en
        moins,  c’est de plus en plus par des dividendes, argent de capital,
        et de moins en moins par des salaires, argent de l’emploi, que les
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