Page 56 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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54 7. L’automation
Accueil et refus
C’est pendant la crise des années d’avant-guerre que la pro-
pagande du Crédit Social a commencé puis a été activement pous-
sée au Canada français. Le Crédit Social fut généralement accueilli
comme un coup de soleil et une source d’espoir par la masse qui
souffrait. Mais il n’en fut point de même auprès de ceux qui, tenant
des postes de commande rémunérés, sont les valets conscients ou
inconscients de la clique qui mène le monde par le monopole du
crédit. Économistes, politiciens et trop de clercs avec eux, allaient
opposer à la doctrine du Crédit Social un barrage d’objections.
Trois entre autres:
Première objection :
«Vous parlez de fournir de l’argent nouveau aux producteurs
pour remettre en marche les roues de l’industrie, et aux consom-
mateurs pour leur permettre d’acheter des produits. Mais l’argent,
ça ne se fait pas comme ça.»
Eh bien, la guerre n’allait pas tarder à démontrer que l’argent,
ça se fait comme ça, puisqu’il n’y en avait pas la veille et que, du
soir au matin, ont surgi et continué de surgir tous les millions et
les milliards voulus pour une guerre longue et extrêmement dis-
pendieuse.
Deuxième objection:
«L’application du Crédit Social engendrerait une inflation mo-
numentale, plus funeste encore que la crise et le chômage.»
Eh bien, le Crédit Social n’a encore été appliqué nulle part et
pourtant tous les pays évolués ont connu, et connaissent encore,
une inflation monumentale. C’est le système actuel qui greffe d’un
virus d’inflation toute unité monétaire mise en circulation.
Troisième objection:
«Des dividendes à tout le monde, de l’argent pas gagné, c’est
immoral.»
Oui ? Comme si les héritages ou les dons en argent étaient
immoraux ! D’ailleurs, depuis ce temps-là, les scrupules concer-
nant l’argent non gagné sont tombés à mesure que sous la pres-
sion d’une nécessité explosive, les gouvernements ont dû, par des
mesures dites de sécurité sociale, distribuer de l’argent non condi-
tionné par l’emploi.