Page 162 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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160    26. Objections au Crédit Social

           Au fait d’ailleurs, n’y a-t-il rien d’obscur, pour les hauts et moins
        hauts  personnages,  dans  le  présent  système  financier  qu’ils  ac-
        ceptent tout bonnement comme un produit de la nature, à moins
        que  ce  soit comme  un  corollaire  du  Décalogue?  Ces  personna-
        ges, voient-ils le système financier actuel clair comme de l’eau de
        roche? Se sont-ils jamais demandé et ont-ils compris pourquoi et
        comment varie le volume de l’argent ou le crédit financier en cir-
        culation? Qu’est-ce qui le fait varier ? Comment se fait-il que tout
        le monde, gouvernements  comme individus, étaient  en disette
        d’argent  pendant  toute  une  décennie  avant  la  guerre,  alors que
        tout d’un coup, du jour au lendemain, on a trouvé tout l’argent qu’il
        fallait pour financer la guerre la plus coûteuse de l’histoire. Quelle
        baguette magique est donc entrée en opération?  Qui fut le ou les
        magiciens? Sûrement pas les gouvernements d’Ottawa ou d’autres
        capitales du monde qui n’avaient rien la veille.
           Mais gageons que si ces brillants esprits consentaient à écouter
        ou à lire un exposé sommaire du Crédit Social au lieu de dire «C’est
        obscur», ils resteraient quand même fidèles à leur opposition avec
        un autre refrain: «C’est trop simple, ça ne peut pas être sérieux, ce
        n’est pas assez compliqué pour être vrai».
                        Manufacture de paresseux
           Il y a des gens qui oublient que la paresse est un péché capital
        et que la religion offre des moyens pour combattre les vices capi-
        taux. Ils croient que si le système financier, par ses règlements, ne
        tient pas tout le monde embauché sous peine de mort, la terre va
        se peupler de paresseux en attendant que ce soit l’enfer qui les
        embauche de force. Sans pousser leur raisonnement jusqu’à cette
        extrémité, c’est tout de même au nom de la morale qu’ils n’admet-
        tent pas le droit de vivre sans emploi, le droit de vivre sans gagner
        sa vie par l’embauche salariée dans la production, et dans la pro-
        duction matérielle s’il vous plaît.
           Ces moralisants limitent leur conception du travail à un emploi
        dans la production. Comme si le travail libre était de la paresse.
        Comme si un dividende n’était  pas aussi légitime  qu’un salaire.
        Comme si de l’argent basé sur une production finie n’était pas aussi
        bon que de l’argent basé sur les opérations, d’ailleurs de plus en
        plus mécanisées, d’une production en train de se faire.
           L’homme occupé à un travail libre, non salarié, comme l’em-
        bellissement de sa propriété ou une production artisanale ou quoi
        encore, y met ordinairement beaucoup de cœur et d’ardeur sans
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