Page 166 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 166
164 27. Hommes de droite, aux mains vides
chose signifie le sacrifice, brusque ou graduel, de la liberté de la
personne. L’affamé, le dépouillé, le sans toit est avide d’autre chose
que des mots de liberté, liberté d’ailleurs déjà perdue pour lui.
Vous, hommes de droite, qu’avez-vous à présenter à l’affamé,
au dépouillé, au sans toit ?
Avec quoi voulez-vous arrêter les ingérences croissantes de
l’État dans des domaines qui relèvent des individus, des familles,
des corps publics locaux ?
Ne voyez-vous pas que toutes ces interventions d’État se disent
nécessaires, motivées par l’incapacité financière des individus et
des familles à payer les services municipaux, scolaires, hospita-
liers?
Vous la constatez bien, vous aussi, cette incapacité financière.
Mais que proposez-vous pour y remédier ? Quelle solution présen-
tez-vous, autre que vos discours, dans lesquels vous êtes trop sou-
vent prompts à attribuer la cause de cette insuffisance financière à
ceux qui en souffrent ?
Qu’avez-vous à présenter contre l’étatisation ?
Qu’avez-vous à présenter? Rien? Rien, et alors vous n’arrêterez
ni les nationalisations, ni les plans d’État, ni les collectivisations, ni
les technocrates, ni les bureaucrates, ni les spoliations, ni l’enré-
gimentation, ni l’État-tout, ni le communisme déclaré ou déguisé
sous un autre terme.
Votre cœur se fend à voir les ruraux délaisser leur sol pour l’as-
phalte des villes. Mais qu’avez-vous à présenter pour empêcher les
taxes et les dettes de ruiner les cultivateurs ? Rien ? Rien. Alors, ne
soyez pas surpris s’ils décident d’abandonner une terre qui doit
nourrir l’État et les financiers avant de nourrir leur famille.
Puis, ne vous étonnez pas, après cela, de voir le gouvernement
intervenir, planifier son aménagement rural, prendre deux ou trois
fermes pour en agrandir une autre en l’endettant, mettre en friche
ou en forêt ici, en pâturages communautaires ailleurs, collectiviser,
placer ses favoris, et vous taxer pour payer les frais et les gâchis de
cette expérience d’un gouvernement fermier.
Hommes de droite, le problème des jeunes vous tourmente.
Avec raison. Mais qu’avez-vous à présenter pour que ces jeunes
soient moins soustraits au climat de la famille ? Pour qu’ils n’en