Page 159 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 159

25. Plutôt le Crédit Social que le marxisme    157

        déshérités est allée aux financiers et aux salariés. Le fait d’en re-
        prendre à ceux-ci par des taxes, pour venir au secours des déshé-
        rités, ne remet pas ces déshérités dans leur droit. Les allocations
        les laissent dans leur statut de déshérités. Déshérités secourus, si
        l’on veut alors qu’ils soient être reconnus comme cohéritiers, co-
        capitalistes sociaux recevant un dividende social non pas comme
        un secours ou une aumône, mais comme un dû.
           Cela serait une opération de dignité, garantissant ainsi à chacun
        une certaine mesure de sécurité économique, un certain niveau de
        vie, aussi longtemps que continue la production et en rapport avec le
        volume de cette production. Cette vision ouvre les perspectives d’un
        système économique et social vraiment humain, réalisant le droit
        fondamental que tout homme possède à l’usage des biens terres-
        tres. Droit lié à sa nature d’être humain, comme l’a si bien réaffirmé
        le grand Pape Pie XII dans son message de Pentecôte 1941.
           On peut y voir aussi un système plus chrétien. Une économie
        comprenant un dividende social à tous sans autre condition que
        d’être une personne vivante, permettrait de s’échapper d’un maté-
        rialisme croissant, à mesure que la production serait de plus en plus
        le fait de la mécanisation et l’automation. Au lieu de chercher alors
        de nouveaux emplois, en suscitant de nouveaux besoins matériels,
        les hommes plus sages pourraient s’orienter de plus en plus vers
        d’autres activités humaines que la seule fonction économique. Un
        philosophe thomiste, Maritain, a dit: «une civilisation de contem-



              Nous lisons dans l’encyclique Mater et Magistra de
            Jean XXIII:
              «La dignité de la personne humaine exige nor-
            malement, comme fondement naturel pour vivre,
            le droit à l’usage des biens de la terre; à ce droit
            correspond l’obligation fondamentale d’accorder
            une propriété privée autant que possible à tous...
            Il faut mettre en branle une politique économique
            qui  encourage  et facilite  une  plus  ample acces-
            sion à la propriété privée des biens durables: une
            maison, une terre, un  outillage artisanal, l’équi-
            pement d’une ferme familiale, quelques actions
            d’entreprises moyennes ou grandes.»
   154   155   156   157   158   159   160   161   162   163   164