Page 161 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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26. Objections au Crédit Social 159

           Et comme, malgré  tout,  les écrits de Douglas  atteignaient  et
        gagnaient  des esprits, en Angleterre,  en Australie,  en Nouvelle-
        Zélande, aux États-Unis, au Canada et même en dehors du monde
        anglo-saxon, les grands, menacés dans leurs privilèges firent appel
        à leurs féaux des chaires d’universités et des sommités de la politi-
        que. On vit des économistes distingués, des leaders politiques tels
        Gaitskell et ses socialistes en Angleterre, se pencher sur le théo-
        rème A + B de Douglas, l’escamoter et conclure ‘faux’.
           Faux! Et pourtant, les faits qui sautent aux yeux de tous, s’accor-
        dent bien avec la conclusion du théorème A + B. Ce qui fit dire à
        un de ces opposants: «L’analyse de Douglas paraît indéniable, mais
        il doit y avoir quelque  chose de  mystérieux,  de  caché  dans  son
        exposé, qui nous échappe et nous empêche de déceler son erreur.
        Son Crédit Social brille bien comme une vérité sans faille et pour-
        tant, ça ébranle trop notre bagage de connaissances pour que nous
        l’acceptions comme vérité.» C’est là un refus pur et simple d’une
        vérité indéniable qui fait mal à l’erreur intronisée.
           C’est dans ce même esprit qu’un leader socialiste disait un jour
        à  Douglas, après avoir écouté  et  compris son exposé du Crédit
        Social: «Peu importe que votre théorie soit vraie, peu importe que
        son application puisse être efficace,  c’est son objectif que nous
        n’aimons pas.» C’est là une confession de socialiste: les socialis-
        tes ne veulent  ni la liberté individuelle,  ni la propriété privée, ni
        l’harmonie entre les classes. Le socialisme, c’est la lutte des clas-
        ses jusqu’à leur suppression, le nivelage par le bas, tout le monde
        embauché par l’État, tous passés au même moule, toute la vie éco-
        nomique planifiée.
                            Obscur, trop simple
           En 1941, un haut personnage du Canada français où l’enseigne-
        ment du Crédit Social faisait son chemin, fit paraître dans le jour-
        nal L’Action Catholique  de Québec, un communiqué dans lequel il
        disait entre autres: «Que les créditistes présentent donc une expli-
        cation claire de leur système, on verra après cela s’il y a lieu d’y
        trouver quelque chose de bon.»
           Le haut personnage avait-il daigné accorder quelques moments
        à la lecture des écrits déjà parus sur le sujet? C’eût été pourtant bien
        plus logique que de commencer, comme il l’avait fait, par asséner
        des coups à un mouvement encore jeune, puis admettre implicite-
        ment, après cela, avoir parlé sans bien savoir de quoi il s’agissait
        puisque c’était obscur pour lui.
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