Page 160 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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26. Objections au Crédit Social

           Voici plus d’un demi-siècle que parurent les premiers écrits de
        l’ingénieur économiste Clifford Hugh Douglas sur ce qu’il appela
        d’abord «Démocratie économique», plus couramment connu au-
        jourd’hui sous le nom de Crédit Social. Nous parlons ici de la doc-
        trine du Crédit Social non pas de partis politiques portant ce nom.
           Douglas énonçait quelques principes d’ordre financier, destinés
        à corriger ce qui, dans le système actuel, vicie et corrompt toute la
        vie économique. Ses propositions ont été soit ignorées, soit boy-
        cottées, soit déformées, jamais appliquées. Et l’organisme écono-
        mique et social continue de souffrir du même système financier
        faux, frauduleux, centralisateur, dominateur, désaxé et désaxant.
           Les objections au Crédit Social ont été diverses. Toutes sans
        fondement, provenant de préjugés, ou d’une incompréhension du
        sujet, ou de la crainte de perdre des privilèges mal assis en jus-
        tice, ou simplement d’une philosophie de l’économie contraire à la
        libération humaine que l’application des principes du Crédit Social
        permettrait de réaliser.
                              Utopie absurde
           Faut-il mentionner l’arme du ridicule, maniée par des sots qui
        croient faire montre de savoir en gouaillant et en haussant les épau-
        les,  sans la  moindre  connaissance de  ce  qui fait  l’objet  de  leurs
        risées.  Que de fois n’ont-ils pas prononcé, ou plutôt répété après
        d’autres, en guise de jugement final sur le Crédit Social: «Théories
        funambulesques,  utopie absurde, monnaie de singe, etc.»
           Mais ces railleurs méritent-ils même qu’on s’occupe d’eux? À
        l’origine du Crédit Social, il y eut un homme de génie: Douglas. Et
        si des cervelles de dinde s’imaginent que ces théories ne sont que
        matière à rigoler, ce n’est point du tout l’avis des grands cerveaux
        du système financier.
           C’est qu’en effet, les puissants contrôleurs de l’argent et du cré-
        dit, ceux qui ‘tiennent nos vies mêmes entre leurs mains’, virent
        tout de suite dans les révélations de Douglas une menace terrible à
        leurs privilèges souverains. Quelle attitude jugèrent-ils urgente de
        prendre pour barrer une adoption possible du Crédit Social?
           En rire? Non point. Mais étouffer cette idée explosive. L’emmu-
        rer jusqu’à ce qu’elle tombe dans l’oubli, en érigeant autour d’elle
        une conspiration du silence. Acheter le mutisme de la presse alors
        principal et presque seul canal de diffusion. Ils y mirent des mil-
        lions.
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