Page 145 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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23. Le Crédit Social, la meilleure promotion ouvrière 143
Une grève survient à la suite de négociations qui n’ont pu abou-
tir à un accord entre les deux parties, le côté du syndicat et celui de
l’employeur. Le premier dit: On nous offre trop peu, c’est inaccep-
table. L’autre dit: Le syndicat exige trop, au delà de nos moyens de
payer, c’est inacceptable. Alors, c’est la guerre, car une grève c’est
cela, une guerre intestine dans une entreprise. Intestine, mais dont
les victimes se trouvent aussi en dehors des deux parties en cause.
Hausse de salaire suivi d’une hausse des prix
Qui est assis autour de la table de négociation quand il s’agit,
par exemple, de discuter d’une hausse de salaire ? Il y a là les repré-
sentants de l’employeur et les représentants des employés. Mais
seront-ils les seuls affectés par la hausse consentie ? Toute hausse
de salaire est nécessairement une hausse du coût de revient. Donc,
une hausse de prix à payer par les consommateurs des produits ou
des services fournis par l’entreprise ou le corps public concerné.
C’est dire que la hausse consentie se fera sur le dos des consom-
mateurs. Or, les consommateurs n’ont point de représentants atti-
trés à la table de négociation.
Employeurs et employés sont certainement, eux aussi, des
consommateurs; c’est même une augmentation de pouvoir d’achat,
donc une augmentation de leur pouvoir de consommation, que
réclament les employés quand ils veulent une hausse de salaire.
Cela n’a rien à voir avec les conditions physiques de leur emploi;
ce n’est plus leur vie aux heures d’emploi, mais leur vie à la maison,
leur vie comme consommateurs qui est affectée par le salaire. Mais
les syndiqués en instance de plus gros salaires représentent seule-
ment un groupe de consommateurs — le leur — qui veut améliorer
son sort sans se soucier de la brèche qui s’ensuivra dans le sort
des autres consommateurs. Si la grève est une guerre civile dans
l’entreprise, elle produit donc aussi les effets d’une guerre civile
entre consommateurs.
Le salaire de base des employés manuels de la cité de Montréal
est actuellement de $2.05 de l’heure. La ville veut bien le hausser
de 30 cents, mais le syndicat réclame une hausse de $1.25, ce qui
le porterait à $3.30 de l’heure.
Si la ville consentait la hausse de salaire de $1.25 de l’heure,
demandée par le syndicat, cela ferait pour chaque employé une