Page 144 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 144
23. Le Crédit Social, la meilleure promotion ouvrière
La grève est une guerre civile
Le monde ouvrier et le Crédit Social
Si vous suivez tant soit peu les nouvelles courantes dans les
journaux, à la radio ou à la télévision, vous voyez rarement pas-
ser une semaine sans qu’il soit fait mention d’une grève ou d’une
menace de grève quelque part — jusque dans les services publics,
depuis qu’elles y bénéficient de la même légalité que celles qui se
produisent dans les entreprises privées.
Au moment où je commence la composition de cet article, je
jette un coup d’œil sur un quotidien du jour (15 décembre). Je vois
justement en première page: «Les contrôleurs de la circulation
aérienne ont décidé, hier soir, par un vote de 578 voix contre 33,
d’entrer en grève mardi prochain».
Cette grève, légale aux termes de la législation actuelle, para-
lyserait tous les services aériens du Canada. Pour empêcher cette
grave situation, il faut, à moins d’un accord de toute dernière heure,
une loi d’urgence votée par le Parlement d’Ottawa.
En page 3 du même numéro de ce journal, je lis: «Les 9,000
professeurs de la Commission des Écoles Catholiques de Montréal
décideront lundi s’ils feront la grève le 13 janvier. 212,000 élèves
seraient touchés par cet arrêt de travail de la part du personnel
enseignant.»
Dans la colonne voisine, je lis: «Les employés manuels de la
ville de Montréal préparent leur comité de grève. Cette grève, qui
er
peut légalement commencer le ou vers le 1 février, semble inévita-
ble, dit le président du syndicat; 5,500 travailleurs manuels sont en
cause. Par ailleurs, quatre autres syndicats de fonctionnaires muni-
cipaux (police, pompiers, contremaîtres, collets-blancs), totalisant
17,000 membres, ont refusé en bloc, vendredi dernier, les dernières
offres de la ville.»
Voilà toujours bien trois menaces de grèves qui ne devraient
jamais être légalisées, à cause des effets désastreux qu’en subirait
le public. Mais le public, quel syndicat s’en préoccupe? Les gré-
vistes en piquetage aux portes des hôpitaux, en juin dernier, se
souciaient-ils le moins du monde du sort des malades qu’ils avaient
abandonnés ?