Page 140 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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138     22. Qui a gagné la guerre mondiale?

        prêtèrent de grosses sommes d’argent aux deux camps qui se bat-
        taient l’un contre l’autre à Waterloo, il y a 152 ans.
           À l’école, on lit que l’armée britannique gagna cette bataille.
           Mais le fait, c’est que les Français paient encore en taxes, aux
        maisons financières de Londres, l’intérêt sur les sommes prêtées
        à leur gouvernement  sous Napoléon Bonaparte.  Et pareillement,
        nous de Grande-Bretagne, nous payons chacun en moyenne envi-
        ron 6 shillings d’intérêt annuel sur l’argent prêté à notre gouverne-
        ment d’alors par les mêmes maisons financières de Londres pour
        équiper les troupes de Wellington.
           Le vainqueur et le vaincu paient au même guichet.

                   Alors, qui donc gagna cette guerre?
           Il n’en va pas autrement des guerres récentes. Nous sommes-
        nous  donc  battus  pour  consolider le  système  bancaire?  Nous
        l’ignorions à ce moment-là, mais c’est exactement  ce que nous
        avons  fait.  Des millions de  personnes  ne  le  savent  pas  encore,
        même après toutes ces années!

           Pendant que nos hommes défendaient le pays, le système ban-
        caire était paisiblement occupé à compter le prix financier de tout,
        de chaque paire de bottes qui s’usait, de chaque chemise, de cha-
        que lacet de cuir, de chaque cartouche mise à feu, de chaque bis-
        cuit consommé. Si un bateau faisait naufrage, ou si l’ennemi faisait
        sauter  une  de  nos batteries,  le  système  bancaire  en  comptait  le
        coût.
           Chaque once de poudre, chaque avion abattu, chaque camion,
        chaque  char d’assaut,  chaque  plaque  d’identité,  — les préposés
        aux  comptes se penchaient sur les chiffres, additionnant  le tout
        pour le système bancaire. Et le total était placidement enregistré
        par les banques comme leur étant dû.

           On comptait bien aussi le nombre des estropiés et des blessés,
        mais aucune somme n’était créditée pour compenser ces pertes de
        sang et de membres.

           Compté aussi le nombre de ceux qui mouraient, mais là non
        plus aucun montant crédité à la nation ainsi décimée par la guerre.

           Même les pensions allouées aux dépendants des morts et des
        estropiés furent marquées comme dettes à payer par le peuple.
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