Page 110 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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108 16. Conception créditiste de la démocratie
pour augmenter le pouvoir des personnes, que l’on brise la ten-
dance à la dictature et que l’on fait progresser vers une démocratie
authentique. Le mot démocratie veut justement dire cela: demos,
peuple; kratos, puissance; la puissance du peuple. Le peuple n’est
pas une abstraction. Il est composé de personnes. C’est la puis-
sance des personnes qui fait la puissance du peuple.
En économique
Ceux qui font consister le Crédit Social uniquement dans la
distribution de l’abondance à tous n’ont qu’une idée restreinte du
Crédit Social véritable.
Dans une étable, les animaux peuvent être, tous et chacun, très
bien nourris, très bien entretenus par leur maître. Ils ne sont pas
pour cela en démocratie mais en dictature. Car c’est le maître qui
décide tout pour eux, qui décide lui-même de leur emploi, de leur
nourriture, de leur logement, de leur entretien. Cela pourrait être
une image du socialisme d’État, du totalitarisme, mais nullement
du Crédit Social.
Le Crédit Social, il est vrai, envisage un mode de répartition de
la richesse qui n’oublie personne, mais il n’en reste pas là. D’ailleurs,
dans le Crédit Social, la répartition de la richesse n’est nullement
soumise aux décisions du gouvernement. Elle est ‘statutairement’
établie et mathématiquement rythmée à l’état même de la richesse,
à la production et à la consommation, qui ne dépendent pas du
gouvernement mais de producteurs libres et de consommateurs
libres.
Puis, répétons-le, c’est l’épanouissement de la personne,
l’exercice par l’individu de son initiative et de sa responsabilité per-
sonnelle, qui fait précisément l’objet de la philosophie créditiste.
La garantie à tous et à chacun d’une part des biens matériels
n’est pas une fin en soi. Cette garantie n’entre dans l’enseignement
créditiste que comme un moyen en vue d’une fin, un moyen de
supprimer pour la personne des entraves indues à sa propre ascen-
sion.
Mais cette ascension exige bien autre chose, qui devra venir de
la personne elle-même. Et si le système économique, même en dis-
tribuant bien la richesse, ne laisse pas en même temps la personne
en mesure d’exercer son initiative et d’assumer ses responsabili-
tés, alors le système économique resterait encore très imparfait.
C’est ce qu’a souligné Jean XXIII dans Mater et Magistra. Dans