Page 115 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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17. Le mythe de l’Or    113
           Depuis 1914, avez-vous vu bien des pièces d’or circuler dans le
        pays? Et pourtant le commerce a continué de marcher. Aimeriez-
        vous entendre votre banquier vous proposer ceci: «Je vais dimi-
        nuer de $140 le montant de vos épargnes dans votre compte et à
        la place je vais mettre $35 en or dans votre coffret»? Vous diriez au
        banquier: «Me prenez-vous pour un fou?»
           Justement, le mythe de l’or a engendré bien des folies et il a
        fait bien des fous. On a longtemps ensorcelé les esprits des gou-
        vernants comme du peuple avec le supposé pouvoir d’achat supé-
        rieur de l’or. Avec la prétendue nécessité d’avoir de l’or à la base
        de l’argent. Avec l’idée que l’or est la plus grande des richesses.
        Folie à faire des milliers et des milliers d’individus abandonner
        leur  ferme, leur commerce,  leur  position  pour se ruer vers  des
        pays encore déserts, sans ressources alimentaires et sans sécu-
        rité, comme la Californie de 1848, comme le Klondike un demi-siè-
        cle plus tard, dès qu’un prospecteur avait lancé le cri: Il y a de l’or!
           Les guerres causent bien du mal mais au moins elles ont com-
        me effet de sortir les esprits du mythe et de les amener au sens des
        réalités. Elles forcent vite les pays en guerre à mettre de côté ce
        que Roosevelt qualifia avec raison de ‘non sens financier’.

           À peine la première guerre mondiale de 1914 à 1918 fut-elle
        commencée que le mythe de l’or fut expédié aux oubliettes. Ni
        l’Angleterre ni la France, pas plus que l’Allemagne ou l’Autriche,
        n’envoyèrent leurs citoyens extraire de l’or pour pouvoir financer
        la guerre. Au contraire, l’Angleterre, dont la capitale Londres était
        alors la capitale mondiale de la finance, décréta brutalement la
        fin de l’étalon or. Elle interdit la circulation des pièces en or. Elle
        fit imprimer des livres sterling en papier et leur donna cours forcé
        pour remplacer les souverains en or.
           — Alors pourquoi tout ce chahut récent autour de l’or?
           — Pour accentuer la panique déjà commencée par la dévalua-
        tion de la livre sterling décrétée par le gouvernement de Londres.
        Pour l’accentuer encore, on lança des rumeurs de dévaluation pro-
        chaine du dollar américain. Et De Gaulle se mit à réclamer le réta-
        blissement de l’or dans la monnaie internationale.

           Le système  détraqué  faisait des siennes,  menaçant  de détra-
        quer toute l’économie et conditionnant les esprits pour accepter
        des mesures dites d’austérité.  Ni le dollar américain  ni le dollar
        canadien n’ont encore été dévalués, mais on a réussi à faire croire
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