Page 109 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 109

16. Conception créditiste de la démocratie     107


            Il y a d’ailleurs des voix pour dire tout haut: «Il faut un gouver-
        nement fort pour avoir un peuple fort.» C’est la voix de tous les
        dictateurs de tous les siècles, du nôtre y compris. Et c’est aussi la
        voix des sots qui s’imaginent qu’un gouvernement fort va faire un
        peuple fort. Car c’est exactement le contraire. (Nous parlons ici du
        pouvoir, de la puissance, non pas de l’autorité.)
            Lorsque le pouvoir est concentré dans un lieu, dans un homme,
        dans un clan, dans un parti, ce qui est concentré dans ce lieu, dans
        cet homme, dans ce clan, dans ce parti, ne se trouve pas ailleurs.
        Si vous mettez tout le pouvoir entre les mains du gouvernement,
        il n’en reste plus pour les personnes, pour les familles, ni pour les
        corps intermédiaires.  Vous avez  alors  l’État-Moloch,  la  dictature
        politique absolue.
                      Point de vue du Crédit Social
            Aujourd’hui,  la centralisation  se manifeste  partout.  On la
        constate dans le système financier, la finance est centralisée. Dans
        l’industrie, l’industrie est centralisée. Dans la politique, les gouver-
        nements sont de plus en plus centralisés.
            Le Crédit Social, la doctrine non le parti, est essentiellement la
        conception d’un ordre favorisant l’épanouissement de la personne.
        Et il cherche cet ordre, non pas dans l’accession à un pouvoir, poli-
        tique ou économique, qui domine les personnes, mais dans une
        augmentation  du  pouvoir chez  les  personnes elles-mêmes.  Un
        pouvoir individuel qui permette à la personne d’exercer librement
        son initiative et d’assumer ses responsabilités dans la poursuite de
        ses propres fins légitimes.
            Contrairement,  donc,  aux  accusations de  fascisme, lancées
        contre le Crédit Social par des ignorants ou des mal intentionnés,
        le Crédit Social authentique est l’idéologie la plus démocratique de
        toutes les idéologies qui cherchent aujourd’hui l’adhésion des es-
        prits. Le Crédit Social conçoit la démocratie comme une limitation
        des pouvoirs du gouvernement  et un accroissement du pouvoir
        des individus.
            Cette description de la démocratie ne devrait rencontrer aucune
        contradiction. Est-ce que la démocratie n’est pas présentée comme
        le contraire de la dictature ? Or, la dictature ne consiste-t-elle pas
        dans le pouvoir absolu exercé par un chef ou par un parti sur toute
        la population, ne laissant aucun choix aux individus ?
            C’est donc bien en diminuant le pouvoir des gouvernements,
   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114