Page 178 - Sous le Signe de l'Abondance
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1     Chapitre 3

            Une partie croissante de la production est due au progrès tech-
        nologique et non pas au labeur humain actuel. Cette partie-là de-
        vrait se refléter par une distribution de dividendes, de dividendes à
        tous, salariés et non salariés, puisque c’est un fruit du progrès, d’un
        héritage commun, et non pas d’efforts actuels.
            Les hausses de salaires, alors que la part de travail diminue,
        sont encore une perversion. C’est détourner le dividende à tous en
        salaires aux producteurs. C’est méconnaître le droit de tous, à titre
        d’héritiers, à une part gratuite de la production. C’est augmenter
        l’écart entre le prix de revient et le coût réel de la production mo-
        derne. C’est conduire à la nécessité de taxer les revenus des pro-
        ducteurs pour allocations diverses, manière brutale de compenser
        imparfaitement le refus de dividendes dus à tous. C’est ajouter un
        facteur d’inflation à celui qui est déjà inhérent au système moné-
        taire actuel.
            Une double distribution de pouvoir d’achat, par les salaires en
        rapport avec les efforts individuels nécessités par la production, et
        par le dividende périodique à tous, ferait disparaître toutes ces diffi-
        cultés. Elle ne diminuerait aucunement la somme de produits attei-
        gnant les familles; elle l’augmenterait au contraire, puisque toute la
        production, accrue d’ailleurs par la suppression des entraves finan-
        cières, atteindrait les besoins d’une manière plus directe,
            C’est ce qu’exprime la proposition créditiste énoncée par Dou-
        glas:
            «Que  la  distribution  de  pouvoir  d’achat  dépende  de  moins
        en moins de l’emploi; le dividende devant remplacer progressi-
        vement le salaire, à mesure qu’augmente la production par unité
        homme-heure.»
            L’augmentation de la productivité par homme-heure est, en ef-
        fet, de toute évidence le fruit du progrès et non pas d’un accroisse-
        ment d’effort actuel de la part du producteur.
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