Page 183 - Sous le Signe de l'Abondance
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Le progrès désembauche 1 3
Les deux combinés ensemble, l’abaissement du prix et le di-
vidende, seraient calculés de façon à mettre l’équilibre entre les
chiffres-argent et les chiffres-prix.
Il faut les deux. S’il n’y avait que le dividende, les prix pour-
raient tendre à monter, alors même que le coût de revient serait le
même. Et s’il n’y avait que l’abaissement des prix, sans dividende,
cet abaissement des prix ne servirait pas à grand’chose aux per-
sonnes qui n’ont aucun revenu d aucune sorte.
A tous, les fruits du progrès
De plus en plus, les progrès technologiques permettent de pro-
duire davantage avec moins de labeur humain.
Ces progrès, les inventions multipliées, les applications scientifi-
ques, les découvertes de nouvelles sources d’énergie — toutes ces
choses-là ne sont pas l’oeuvre d’un seul, ni l’oeuvre de seulement
quelques-uns, ni même I’oeuvre de la présente génération seule-
ment. C’est un capital, un capital réel, grossi et transmis d’une géné-
ration à l’autre. C’est un bien communautaire, qui ne doit pas béné-
ficier à quelques-uns seulement. «Les découvertes du génie humain,
écrit Maitre Damien Jasmin, doivent profiter à l’ensemble de l’huma-
nité, et non pas à quelques privilégiés du sort ou de la fortune.»
Lorsqu’un capitaliste a investi du capital argent dans une en-
treprise, si l’entreprise est profitable, le capitaliste en retire un divi-
dende, même s’il n’y travaille pas personnellement. Les employés
qui y travaillent retirent des salaires, mais le capitaliste retire un
dividende; s’il travaille lui-même à l’entreprise, il retire à la fois un
salaire et un dividende.
Eh bien, le Crédit Social considère que le grand capital progrès
dont nous venons de parler — capital communautaire de plus en
plus productif — doit rapporter des dividendes à tous, puisque tous
les membres de la société en sont copropriétaires. Ceux qui ne
travaillent pas restent quand même copropriétaires de ce capital
communautaire et ont le droit d’en attendre un dividende. Ceux
qui travaillent ont également droit à ce dividende et, en plus, à leur
salaire comme auparavant.
Telle est l’attitude des créditistes en face du progrès.
Ceux qui persistent à dire qu’il faut être embauché pour avoir
droit aux produits mis sur le marché sont obligés de chercher à
embaucher, alors que le progrès, lui, désembauche. Comme ils ne
peuvent pas arrêter le progrès, ils cherchent à créer de nouveaux