Page 176 - Sous le Signe de l'Abondance
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1 6 Chapitre 3
L’argent est partie intégrante du système financier, non pas du
système producteur proprement dit. Quand le système producteur
parvient à entretenir le flot de produits par d’autres moyens que
l’emploi de salariés, le système financier doit parvenir à distribuer
du pouvoir d’achat par une autre voie que celle des salaires.
S’il n’en est pas ainsi, c’est parce que, à la différence du systè-
me producteur, le système financier n’est pas adapté au progrès. Et
c’est uniquement cette inadaptation qui crée des problèmes alors
que le progrès devrait les faire disparaître.
Le remplacement de l’homme par la machine dans la produc-
tion devrait être un enrichissement, délivrant l’homme de soucis pu-
rement matériels et lui permettant de se livrer à d’autres fonctions
humaines que la seule fonction économique. Si c’est au contraire
une cause de soucis et de privations, c’est simplement parce qu’on
refuse d’adapter le système financier à ce progrès.
Système financier faux et désuet
La capacité physique de production ne pose pas de difficultés
pour répondre facilement aux besoins normaux de la population.
Les moyens physiques de transport et de distribution non plus. Si
le système financier reflétait ces réalités, lui non plus ne créerait
aucune difficulté. On n’aurait pas plus de problèmes financiers
qu’on a de problèmes physiques de production, de transport, de
distribution. Mais il ne les reflète pas. Il est en désaccord flagrant
avec les faits.
Notre système financier est aussi faux qu’une carte routière qui
placerait Québec à l’ouest de Montréal. Le voyageur qui s’y fierait
pour se rendre de Montréal à Québec tomberait en Ontario! Plus il
avancerait, plus il s’éloignerait de son but!
Pourtant, le système financier, qui n’est point d’origine divine,
a sûrement été inventé par les hommes pour servir la vie économi-
que, et non pas pour la commander, encore moins pour la tyranni-
ser. Il devrait donc refléter les réalités économiques exactement et
en tout temps. Il faut pour cela, selon les termes de C. H. Douglas:
«Un système assez flexible pour continuer à refléter les faits
économiques quand ceux-ci changent sous l’influence de procédés
perfectionnés et avec l’emploi accru d’énergie extra-humaine.»
Deux situations extrêmes
Dans une économie primitive, ayant besoin des bras de tous
tout le temps de leur vie, on pourrait être justifiable de lier le droit