Page 182 - Sous le Signe de l'Abondance
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1 2   Chapitre 3

            Ça ne servirait certainement à rien, monsieur le distingué. Mais
        dites-nous donc à quoi servent des produits avec pas d’argent en
        face? Ça ne sert qu’à faire des chômeurs, des privés, des exaspérés.
            Mais des produits devant les besoins, et de l’argent du côté des
        besoins, voilà ce qui fera les deux servir!
            Sans doute que l’argent, même l’argent de chiffres, ne doit pas
        se faire «En veux-tu, en v’là». Ça doit se faire intelligemment, pour
        que les chiffres-prix et les chiffres-argent se correspondent — et
        pour que tout le monde ait des chiffres-argent, au moins assez pour
        pouvoir vivre, dans un pays où il y a largement de quoi faire vivre
        tout le monde.
                            Par le Crédit Social
            Pour que les chiffres-prix et les chiffres-argent se correspon-
        dent, il y a deux manières: abaisser les prix ou grossir les porte-
        monnaie.
            Le Crédit Social ferait les deux, sans nuire à personne, en ac-
        commodant tout le monde.
            Avec le système financier actuel, impossible d’abaisser les prix
        sans nuire au producteur; et impossible de grossir les porte-mon-
        naie sans grossir les prix.
            Vous avez déjà vu, et bien des fois, des ouvriers réclamer des
        augmentations de salaire. Pourquoi? Parce que leur salaire, qui est
        un chiffre-argent, est trop petit par rapport aux chiffres-prix sur les
        produits. Ils ont raison de s’en plaindre, puisqu’ils restent avec des
        besoins devant des produits qui s’accumulent.
            Mais si les ouvriers obtiennent plus de salaires, ces hausses de
        salaires sont incluses dans les prix, et les chiffres-prix augmentent.
        L’écart demeure entre les chiffres des prix et les chiffres de l’argent
        pour acheter.

            Il faudrait augmenter l’argent pour acheter, mais sans augmen-
        ter les prix. Pour cela, il faudrait que l’argent ajouté vienne autre-
        ment que par l’industrie. C’est cela que ferait le régime financier du
        Crédit Social. C’est ce que les créditistes appellent un dividende.
        Un dividende à tous, puisque ce n’est plus un salaire pour récom-
        penser du travail.
            D’autre part, le Crédit Social a aussi un mécanisme monétaire
        pour abaisser les prix, mais sans nuire au producteur, parce qu’il
        compenserait au vendeur ce que l’acheteur n’aurait pas à payer.
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