Page 168 - Sous le Signe de l'Abondance
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16    Chapitre 35

        consommer tout le blé et le fromage que peut fournir la production
        même freinée du pays?
            Faudrait-il  tant  de  luttes  pour  décider  combien  de  paires  de
        chaussures  pourra  s’approprier  le  patron  et  combien  en  pourra
        prendre l’ouvrier, lorsque les manufactures de chaussures doivent
        fermer parce qu’il y a trop de chaussures dans le pays?
            Et ainsi du bois de chauffage, et ainsi de l’espace et des ma-
        tériaux pour bâtir des maisons, et ainsi des meubles, et ainsi de
        toutes choses.
                Pourquoi ne pas voir les belles réalités?
            Il y en a tant et tant pour mettre l’abondance partout. Mais la
        distribution de toutes ces choses est liée au signe argent. Et on s’ar-
        rête au signe argent. On trouve le signe argent rare et on accepte
        les décrets de ceux qui le rendent rare sans raison. On ne voit plus
        les choses abondantes.
            C’est Dieu, et les bras et les cerveaux des hommes qui ont fait
        les choses abondantes. On ferme les yeux sur les dons de la Pro-
        vidence généreuse, on ferme les yeux sur les fruits du génie et du
        labeur humains et on les fixe sur la rareté de l’argent, et l’on s’obs-
        tine à la lutte pour l’argent rare.
            Quand donc allez-vous ouvrir les yeux sur les belles réalités, au
        lieu de les river sur des signes artificiels, vous, sociologues, vous
        chefs ouvriers, qui dépensez tant d’énergie autour de la répartition
        des piastres?
            Que ne consacrez-vous un dixième de ces énergies à exiger
        que les faiseurs de piastres sortent des piastres en rapport avec
        ce que l’agriculteur sort de son champ, en rapport avec ce que le
        patron, l’ouvrier et la machine sortent de l’usine?
            Les piastres canadiennes abondantes comme la production ca-
        nadienne. Les piastres canadiennes dans les maisons canadiennes,
        pour acheter la production canadienne.
            Si le sol obéit à la charrue du cultivateur, si le tour obéit au mé-
        canicien, pourquoi les piastres n’obéiraient-elles pas à une compta-
        bilité nationale exacte?
                          Un progrès qui mortifie
            Puis voici qu’un cerveau humain, ajoutant ses recherches per-
        sonnelles  aux  recherches  et  aux  acquisitions  de  siècles  d’étude,
        met au monde une machine nouvelle. La machine va faire l’ouvrage
        de vingt ouvriers et réclamer l’attention d’un seul.
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