Page 163 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 163
Le problème des dettes publiques 163
au gouvernement de le faire? On accepte que les banques créent
l’argent, mais on refuse ce droit au gouvernement. Le gouverne-
ment se refuse un privilège qu’il accorde lui-même aux banques:
c’est le comble de l’imbécilité.
Rembourser ou effacer la dette?
Certains diront que si on ne veut pas s’endetter, on n’a qu’à ne
pas emprunter. Mais comme on l’a vu au début de cet article, si
personne n’empruntait d’argent de la banque, il n’y aurait tout sim-
plement pas un sou en circulation, puisque tout l’argent est créé
par les banques sous forme de prêt. Seulement pour maintenir le
même niveau d’argent en circulation, il faut s’endetter à perpétuité.
D’ailleurs, il n’existe même pas assez d’argent dans la pays pour
payer la dette fédérale... sans tenir comptes des dettes des provin-
ces, des compagnies, et des consommateurs!
Comment espérer se sortir de dette lorsque tout l’argent pour
payer la dette est créé en créant une dette? Dans le système actuel,
faire des coupures pour réduire le déficit et tenter de rembourser
la dette, c’est absurde et même criminel, puisque cela ne fait que
rendre l’argent plus rare. Loin d’apporter la prospérité, cela amè-
nerait une crise économique sans précédent. L’argent pouvant être
considéré comme étant la sang de la vie économique, ça serait
comme vider l’organisme économique de son sang, et entraîner la
mort à brève échéance.
Citons encore l’échange entre MM. Patman et Eccles, au Comi-
té de la Chambre des Représentants des Etats-Unis sur la Banque
et le Numéraire, le 30 septembre 1941:
Patman: «Vous avez déclaré que les gens devraient payer
leurs dettes au lieu de dépenser leur argent. Vous vous rappelez
de cette déclaration, je suppose?»
Eccles: «C’était en rapport avec les achats à crédit.»
Patman: «Croyez-vous que les gens devraient payer leurs det-
tes quand ils le peuvent, généralement?»
Eccles: «Je pense que cela dépend en grande partie de l’indi-
vidu; mais, bien sûr, s’il n’y avait pas de dette dans notre système
monétaire...»
Patman: «C’est la question que je voulais vous demander.»
Eccles: «Il n’y aurait plus du tout d’argent.»
Patman: “Supposons que tout le monde paie ses dettes, il n’y
aurait plus d’argent pour faire marcher les affaires?»