Page 162 - Sous le Signe de l'Abondance
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162   Chapitre 34

        ment, selon les caprices des hommes au pouvoir: cela veut dire
        que  l’Etat  (par  un  organisme  indépendant,  qui  pourrait  très  bien
        être la Banque du Canada), agirait vis-à-vis du volume de l’argent
        comme un comptable de la production totale du pays.
            Ce que le Crédit Social propose, c’est une comptabilité juste,
        une expression financière exacte des réalités économiques: ex-
        primer la production par un actif, et la destruction, la consomma-
        tion par un passif, soit garder un équilibre, une relation constante
        entre l’argent et les produits: ce rapport étant toujours le même,
        l’argent garderait toujours sa même valeur, et l’inflation serait im-
        possible. Autant d’argent que de produits: c’est la règle d’or pour
        éviter l’inflation.
            Et puisque l’argent n’est qu’une affaire de comptabilité, c’est
        un résultat très facile à obtenir, il n’y a qu’à ajuster les chiffres au
        niveau de la production. Point n’est besoin de contrôles du gouver-
        nement sur la production pour atteindre ce but, le gouvernement
        n’a qu’à agir selon les statistiques de la production: créer l’argent
        au rythme de la production, et le retirer de la circulation au rythme
        de la consommation. (Ce retrait de l’argent se ferait par un méca-
        nisme d’escompte sur les prix, qui est l’opposé de l’inflation, ou
        hausse des prix.)
            Le comptable n’est pas propriétaire de l’argent qu’il compte,
        il tient les livres. Il ne crée pas les faits, il les relève: l’Etat n’aurait
        donc rien à avoir avec les choix des citoyens, avec ce que les pro-
        ducteurs font ou ne font pas, ni avec ce que les consommateurs
        choisissent ou rejettent.
            En soi, l’argent émis par le gouvernement n’est pas plus infla-
        tionniste que celui des banques, car c’est le même argent, garanti
        par le même gouvernement, basé sur la même capacité de produc-
        tion du pays pour répondre aux besoins des mêmes citoyens de
        ce pays. Au contraire, la première cause d’inflation, c’est justement
        l’argent créé sous forme de dette par les banques: l’inflation, ce
        sont les prix qui augmentent. Or, l’obligation pour les compagnies
        et  gouvernements  qui  empruntent  de  ramener  à  la  banque  plus
        d’argent qu’il en est sorti oblige les compagnies à gonfler leurs prix,
        et les gouvernements à gonfler leurs taxes. Les gouvernements es-
        saient de combattre l’inflation en haussant les taux d’intérêt, ce qui
        fait hausser les prix... et hausser l’inflation...
            Si on admet que la création de l’argent est possible à une auto-
        rité inférieure (les banques), pourquoi ne serait-elle pas possible à
        l’autorité souveraine du pays? Qu’est-ce qui empêche, qui interdit
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