Page 154 - Sous le Signe de l'Abondance
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Chapitre 34
Le problème des dettes publiques
(Article d’Alain Pilote, paru pour la première fois dans Vers De-
main de juin-juillet 1986.)
Tous les pays du monde sont actuellement aux prises avec un
problème d’endettement. En 2004, la dette du gouvernement ca-
nadien dépassait les 500 milliards $, et celle des Etats-Unis dépas-
sait les 000 milliards $. Pourquoi tous les pays sont-ils endettés?
C’est bien simple: c’est que dans le système actuel, tout argent
vient au monde sous forme de dette, et qu’il est impossible de
rembourser la dette totale du pays. Cela peut facilement être dé-
montré de façon mathématique, comme le démontre l’exemple
qui suit.
L’Ile des Naufragés
Dans toute société, le système éco-
nomique peut être divisé en deux: sys-
tème producteur et système financier.
C’est l’exemple de la parabole de L’Ile des
Naufragés, de Louis Even: d’un côté, cinq
naufragés sur une île, qui produisent les
différentes choses nécessaires à la vie; et
de l’autre, un banquier qui leur prête de
l’argent. Pour simplifier notre example,
disons qu’il y a un seul; emprunteur au nom de toute la commu-
nauté, que nous appellerons Paul.
Paul décide, au nom de la communauté, d’emprunter du ban-
quier un montant suffisant pour faire marcher l’économie sur l’île,
disons 100 $, à 6% d’intérêt. A la fin de l’année, Paul doit rem-
bourser l’intérêt de 6% à la banque, soit 6 $. $100 moins 6 $ = 94
$, il reste donc 94 $ en circulation sur l’île. Mais la dette de 100 $
demeure. Le prêt de 100 $ est donc renouvelé, et un autre 6 $ doit
être payé à la fin de la deuxième année. 94 $ moins 6 $, il reste 88 $
en circulation. Si Paul continue ainsi à payer 6 $ d’intérêt à chaque
année, au bout de 17 ans, il ne restera plus d’argent sur l’île. Mais
la dette de 100 $ demeurera, et le banquier sera autorisé à saisir
toutes les propriétés des habitants de l’île.
La production de l’île avait augmenté, mais pas l’argent. Ce
ne sont pas des produits que le banquier exige, mais de l’argent.
Les habitants de l’île fabriquaient des produits, mais pas d’argent.
Quand bien même les cinq habitants de l’île travailleraient jour et