Page 151 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 151

L’intérêt sur l’argent créé est un vol  151

        gent à la banque, et à mon retour, j’aurais retiré mon argent avec les
        intérêts»), saint Thomas d’Aquin écrit:
            «Les  intérêts  dont  parle  l’Evangile  doivent  s’entendre  dans
        un sens métaphorique; ils désignent le surcroît de biens spirituels
        exigé par Dieu, qui veut que nous fassions toujours un meilleur
        usage des biens qu’il nous a confiés, mais c’est pour notre avan-
        tage et non pour le sien.»
            Ce texte de l’Evangile ne peut donc pas
        justifier  l’intérêt  puisque,  dit  saint  Thomas,
        «on ne peut fonder un argument sur des ex-
        pressions métaphoriques».
            Un autre texte causant difficulté est celui
        de  Deutéronome  23,  20-21:  «Tu  n’exigeras
        de  ton  frère  aucun  intérêt,  ni  pour  un  prêt
        d’argent, ni pour du grain, ni pour autre cho-
        se. Tu ne pourras recevoir d’intérêt que d’un
        étranger». Saint Thomas explique:
            «Il était interdit aux Juifs de toucher un
        intérêt de la part de “leurs frères”, c’est-à-  Saint Thomas
        dire des autres Juifs; ce qui donne à enten-     d’Aquin
        dre que percevoir l’intérêt d’un prêt, de quel-
        que homme qu’on le reçoive, est mal, absolument parlant. Nous
        devons, en effet, regarder tout homme “comme notre prochain et
        notre frère” surtout d’après la loi évangélique qui doit réglir l’hu-
        manité. Aussi le Psalmiste, parlant du juste, dit-il sans restriction:
        “Il ne prête pas son argent à intérêt” (14, 4), et Ezéchiel (1 , 1 ):
        “Il ne pratique pas l’usure, et ne prend pas d’intérêts”.»
            Si les Juifs étaient autorisés à recevoir un intérêt de la part des
        étrangers,  dit  saint  Thomas,  c’était  une  tolérance  pour  éviter  un
        plus grand mal, de peur qu’ils ne perçussent des intérêts sur les
        Juifs eux-mêmes, adorateurs du vrai Dieu. Saint Ambroise, com-
        mentant le même texte («tu pourras prêter à intérêt aux étrangers»),
        voit dans le mot «étrangers» le sens d’«ennemis» et conclut: «A
        celui auquel tu désires légitimement nuire, à celui contre lequel tu
        prends justement les armes, à celui-là tu peux à bon droit prendre
        des intérêts.»
            Saint Ambroise dit aussi: «Qu’est-ce que le prêt à intérêt, si-
        non tuer un homme?»
            Saint  Jean  Chrysostome:  «Rien  n’est  plus  honteux,  ni  plus
        cruel que l’usure.»
   146   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156