Page 152 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 152

152   Chapitre 33

            Saint Léon: «C’est une avarice injuste et insolente que celle qui
        se flatte de rendre service au prochain alors qu’elle le trompe... Ce-
        lui-là jouira du repos éternel qui entre autres règles d’une conduite
        pieuse n’aura pas prêté son argent à usure... tandis que celui qui
        s’enrichit au détriment d’autrui, mérite en retour la peine éternelle.»
            En  1311,  au  Concile  de  Vienne,  le  pape  Clément  V  déclarait
        nulle et vaine toute la législation civileen faveur de l’usure, et «si
        quelqu’un tombe dans cette erreur d’oser audacieusement affirmer
        que ce n’est pas un péché que de faire l’usure, nous décrétons qu’il
        sera puni comme hérétique et nous ordonnons à tous les ordinai-
        res et inquisiteurs de procéder vigoureusement contre tous ceux
        qui seront soupçonnés de cette hérésie.»
            Le 1er novembre 1745, le pape Benoît XIV publiait l’encyclique
        Vix Pervenit, adressée aux évêques italiens, au sujet des contrats,
        où l’usure, ou prêt à intérêt, est clairement condamnée. Le 29 juillet
        1836, le pape Grégoire XVI étendait cette encyclique à l’Eglise uni-
        verselle. Il y est écrit:
            «L’espèce de péché qu’on appelle usure, et qui réside dans le
        contrat de prêt, consiste en ce qu’une personne, s’autorisant du
        prêt même, qui par sa nature demande qu’on rende seulement
        autant qu’on a reçu, exige qu’on lui rende plus qu’on a reçu et
        soutient conséquemment qu’il lui est dû, en plus du capital, quel-
        que profit, en considération du prêt même. C’est pour cette raison
                           que tout profit de cette sorte qui excède le ca-
                           pital est illicite et usuraire.
                              «Et certes, pour ne pas encourir cette note
                           infamante, il ne servirait à rien de dire que ce
                           profit  n’est  pas  excessif,  mais  modéré;  qu’il
                           n’est pas grand, mais petit... En effet, la loi du
                           prêt a nécessairement pour objet l’égalité en-
                           tre ce qui a été donné et ce qui a été rendu...
                           Par conséquent, si une personne quelconque
            Benoît XIV     reçoit plus qu’elle n’a donné, elle sera tenue à
                           restituer pour satisfaire au devoir que lui im-
        pose la justice dite commutative...»
            En 1891, le pape Léon XIII écrivait dans son encyclique Rerum
        Novarum:
            «Une  usure  dévorante  est  venue  ajouter  encore  au  mal.
        Condamnée à plusieurs reprises par le jugement de l’Eglise, elle
        n’a cessé d’être pratiquée sous une autre forme par des hommes
   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157