Page 148 - Sous le Signe de l'Abondance
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14    Chapitre 33

        110 $ alors qu’ils n’ont reçu que 100 $, c’est qu’ils prennent le 10
        $ qui manque sur l’argent mis en circulation par les emprunts des
        autres. Pour que certains soient capables de rembourser leur prêt,
        il faut nécessairement qu’il y en ait d’autres qui fassent faillite. Mais
        ce n’est qu’une question de temps avant que tous les emprunteurs,
        sans exception, se retrouvent dans l’impossibilité de rembourser
        le banquier.
            Et remarquez bien, même à un taux d’intérêt de seulement 1
        pour cent, la dette serait encoire impayable : si on emprunte 100
        $ à 1%. On devra rembourser 101 $ à la fin de l’année, alors qu’il
        n’existe que 100 $. Cela signifie que tout intérêt demandé sur de
        l’argent créé, même à un taux de 1%, est de l’usure, ets un vol.
            Certains  pourront  dire  que  si  on  ne  veut  pas  s’endetter,  on
        a  seulement  à  ne  pas  emprunter.  Mais  si  personne  n’empruntait
        d’argent de la banque, il n’y aurait tout simplement pas un sou en
        circulation: pour qu’il y ait de l’argent dans le pays, ne serait-ce
        que quelques dollars, il faut absolument que quelqu’un — individu,
        compagnie ou gouvernement — les emprunte de la banque, à in-
        térêt. Et cet argent emrpunté de la banque ne peut pas rester en
        circulation indéfiniment: il doit retourner à la banque lorsque le prêt
        vient à échéance... accompagné de l’intérêt, évidemment.
                            Dettes impayables
            Cela signifie que si l’on veut simplement conserver le même
        montant d’argent en circulation, année après année, il faut accu-
        muler des dettes impayables. Dans le cas des dettes publiques, les
        banquiers se contentent de se faire payer l’intérêt sur cette dette.
        Est-ce une faveur qu’ils nous font? Non, cela ne fait que retarder
        l’impasse financière de quelques années, car au bout d’un certain
        temps, même l’intérêt sur la dette devient impayable.
            Ainsi, la dette publique du Canada, qui était de 24 milliards $ en
        1975, franchissait le cap des 200 $ milliards dix années plus tard.
        (Et vingt ans plus tard, en janvier 1995, la dette du gouvernement
        canadien franchissait le cap des 500 $ milliards, avec des intérêts
        de 49 $ milliards à payer sur cette dette, soit environ un tiers de
        toutes les taxes collectées par le gouvernement fédéral. En 1998, si
        l’on additionne, à la dette du gouvernement canadien, la dette des
        provinces, des compagnies, et des individus au pays, on obtient un
        dette totale de 2 800 milliards $ pour le Canada.)
            Quand bien même on prendrait tout l’argent qui existe dans
        le pays, y compris les épargnes des déposants, cela ne serait pas
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