Page 123 - Sous le Signe de l'Abondance
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Leçon d’un compte de banque 123
— Expliquez-moi cela.
— Brièvement, voici: sans l’existence d’une société productrice,
avec une vie économique organisée, cet argent ne vaudrait rien.
C’est la richesse du pays, les ressources naturelles, le travail de la
population, les techniques de production, c’est tout cela qui confère
de la valeur aux 100 000 $ sortis de votre encrier pour M. Toupin.
— Vous oubliez, monsieur, que M. Toupin a déposé des valeurs
de tout premier ordre avant d’obtenir cet emprunt. C’est de cela
que les 100 000 $ tirent leur valeur.
— Non, monsieur le gérant. Ces gages déposés par M. Toupin
sont pour vous une garantie de remboursement, sinon vous raflez
les valeurs gagées. Mais ne confondez pas garanties de l’emprunt
avec valeur de l’argent. S’il n’y avait que ces garanties-là dans le
pays, s’il n’y avait pas de production, pas de fermes, pas d’usines,
pas de transport, pas de magasins, pas de vie économique, les 100
000 $ n’auraient aucune valeur monétaire, malgré toutes les garan-
ties déposées par M. Toupin.
C’est tout le pays, c’est toute la richesse du pays, c’est toute
la population du pays, qui donne de la valeur à l’argent, n’importe
par quel organisme il est créé. Cet argent, à son origine, appartient
donc en réalité à la population du pays elle-même. Qu’il soit prêté
à M. Toupin pour agrandir son usine, très bien. Mais c’est toute la
population du pays qui doit en profiter. Au lieu de procurer des
intérêts au banquier, le développement du pays doit procurer des
dividendes à toute la population.
Cet accaparement du crédit de la société par les institutions
bancaires est la plus grande escroquerie de tous les temps. Et la
plus solidement installée dans tous les pays civilisés. Sa force et
son universalité ne la légitiment pas. Elles ne font que la rendre
plus odieuse.
Toutes les dettes publiques, municipales, provinciales, nationa-
les, ont leur origine dans cette grande escroquerie. La population bâ-
tit le pays. Le système endette la population à mesure qu’elle bâtit.
Les corps publics, les gouvernements, font comme Toupin. Ils
empruntent. Ils déposent en garantie des obligations, des hypothè-
ques sur nos maisons, des promesses de taxer la population.
Les gouvernements sont petits à côté des puissances d’argent.
Seul, le Crédit Social affranchira les individus, les familles et les
corps publics de cette tyrannie qui n’a aucun souci de l’humain.