Page 49 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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tiennent rare vis-à-vis des produits pour augmenter sa
valeur vis-à-vis des produits. Voilà le résultat déplorable
de l’abandon du contrôle de la monnaie à un monopole
privé dont les intérêts ne sont pas identiques avec les in-
térêts de la société dans son ensemble. La monnaie rare
n’est pas une nécessité naturelle. Nous sommes main-
tenant désillusionnés là-dessus. Les témoignages des
banquiers eux-mêmes prouvent que les banques créent
et détruisent 90% de notre monnaie par une méthode
qui n’est rien autre que de la comptabilité. Mais ils n’ont
d’autre guide dans ce procédé que leur intérêt personnel
et c’est la nation qui en souffre.
La monnaie artificiellement tenue rare ne répond
plus à son but. Elle n’est pas en quantité suffisante pour
exprimer la demande de produits, ce qui est cependant
sa première fonction. L’illusion de rareté empêche la
monnaie d’accomplir ses fonctions. Une insuffisance
constante de pouvoir d’achat s’ensuit inévitablement et
les besoins et désirs des consommateurs doivent rester
inassouvis dans la mesure de cette insuffisance. Condi-
tion qui persistera tant que durera l’illusion subtile de ra-
reté de monnaie habilement entretenue par les maîtres
de la monnaie.
Très édifiantes sur ce point les instructions confiden-
tielles contenues dans une circulaire secrète adressée
par les principaux banquiers de New-York à toutes les
national banks des États-Unis en 1877:
«Le rappel de la loi permettant l’émission
de billets par les national banks et la remise en
circulation de monnaie émise par le gouverne-
ment procurerait de l’argent au peuple et par
conséquent affecterait sérieusement vos profits
individuels comme banquiers et comme prê-
teurs. Vous allez immédiatement retirer un tiers
de votre circulation et rappeler la moitié de vos
prêts. Ayez soin de faire sentir la rareté de mon-