Page 44 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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Nature de la monnaie 3
travaille ou plus elle produit, plus elle est en dette avec
les banques. Les dettes montent donc aux dépens du
pouvoir d’achat.
Qui ne constate que le monde entier s’endette gra-
duellement de plus en plus; il n’arrive pas à rencontrer
ses affaires, pour employer une expression courante. Le
public paie tout ce qu’il peut, et achète ce qu’il peut. L’im-
possibilité de payer davantage force à détruire une partie
de la production ou à restreindre celle-ci malgré des be-
soins criants non satisfaits. La production restreinte em-
pêche l’industrie de pouvoir acquitter ses comptes et la
dette monte toujours.
À quelle vitesse les dettes augmentent-elles ainsi?
Au 17ème siècle, siècle qui vit naître la banque d’Angle-
terre, la dette du monde — et nous avons des chiffres
assez justes sur ce sujet — augmenta de 47%. La ban-
que d’Angleterre ne fut fondée que vers la fin du 17ème
siècle. On peut donc s’attendre à ce que le système ban-
caire créateur de dettes va enchaîner le monde à partir
de cette époque.
En effet, à la fin du 18ème siècle, la dette mondiale
avait augmenté de 466%; à la fin du 19ème siècle, la
dette mondiale, publique et privée, avait augmenté de
12,000%! Le rythme s’accélère et, d’après des calculs
très exacts faits par un professeur de génie industriel de
l’Université Columbia de caractère irréprochable, le Pro-
fesseur Rautenstrauch, si l’on prend l’an 1800 comme
origine et 100 ans comme unité, la dette mondiale aug-
mente selon la puissance quatrième du temps; ce qui
veut dire, non pas comme le carré, ni comme le cube,
mais comme le carré du carré du temps; et cette allure
vertigineuse se poursuit malgré les nombreuses répu-
diations, les cancellations de dettes effectuées par les
faillites, et malgré les autres méthodes utilisées pour se
débarrasser des dettes et recommencer à neuf.