Page 84 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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sera puni comme hérétique et nous ordonnons à tous les ordinai-
res et inquisiteurs de procéder vigoureusement contre tous ceux
qui seront soupçonnés de cette hérésie.»
Vix Pervenit
Le 1er novembre 1745, le pape Benoît XIV publiait l’encyclique
Vix Pervenit, adressée aux évêques italiens, au sujet des contrats,
où l’usure, ou prêt à intérêt, est clairement condamnée. Le 29 juillet
1836, le pape Grégoire XVI étendait cette encyclique à l’Eglise uni-
verselle. Il y est écrit:
«L’espèce de péché qu’on appelle usure,
et qui réside dans le contrat de prêt, consiste
en ce qu’une personne, s’autorisant du prêt
même, qui par sa nature demande qu’on ren-
de seulement autant qu’on a reçu, exige qu’on
lui rende plus qu’on a reçu et soutient consé-
quemment qu’il lui est dû, en plus du capi-
tal, quelque profit, en considération du prêt
même. C’est pour cette raison que tout profit
Benoît XIV de cette sorte qui excède le capital est illicite
et usuraire.
«Et certes, pour ne pas encourir cette note infamante, il ne
servirait à rien de dire que ce profit n’est pas excessif, mais mo-
déré; qu’il n’est pas grand, mais petit... En effet, la loi du prêt a
nécessairement pour objet l’égalité entre ce qui a été donné et
ce qui a été rendu... Par conséquent, si une personne quelconque
reçoit plus qu’elle n’a donné, elle sera tenue à restituer pour satis-
faire au devoir que lui impose la justice dite commutative...»
En 1891, le pape Léon XIII écrivait dans son encyclique Rerum
Novarum:
«Une usure dévorante est venue ajouter encore au mal.
Condamnée à plusieurs reprises par le jugement de l’Eglise, elle
n’a cessé d’être pratiquée sous une autre forme par des hommes
avides de gain, et d’une insatiable cupidité...»
L’enseignement de l’Eglise sur le sujet est donc très clair, mais,
comme le disait Louis Even précédemment, «malgré tout l’ensei-
gnement chrétien dans le sens contraire (que l’argent doit produire
de l’intérêt), la pratique a fait tellement de chemin que, pour ne
pas perdre dans la concurrence endiablée autour de la fécondité
de l’argent, tout le monde aujourd’hui doit se conduire comme s’il