Page 58 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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quier), puis plusieurs années chairman de la
Midland Bank, une des cinq grosses banques
d’Angleterre, disait, en 1934, à une assemblée
annuelle des actionnaires de cette banque: «Le
peuple ignore généralement que le volume
de l’argent en circulation dépend de l’action
des banques. Tout prêt bancaire, direct ou par
découvert (overdraft), augmente le flot de cré-
dit en circulation, et tout remboursement d’un
prêt bancaire diminue ce flot d’un montant Reginald McKenna
égal au remboursement.»
Et le système est tel que le remboursement doit dépasser l’em-
prunt; le chiffre des décès doit dépasser le chiffre des naissances;
la destruction doit dépasser la fabrication.
Cela paraît impossible, et c’est collectivement impossible. Si je
réussis, un autre fait banqueroute; parce que, tous ensemble, nous
ne sommes pas capables de rapporter plus d’argent qu’il en a été
fait. Le banquier fait le capital, rien que le capital. Personne ne fait
l’intérêt, puisque personne autre ne fait l’argent. Mais le banquier
demande quand même capital et intérêt. Un tel système ne peut te-
nir que moyennant un flot continuel et croissant d’emprunts. D’où
un régime de dettes et la consolidation du pouvoir dominateur de
la banque.
La dette publique
Le gouvernement ne fait pas d’argent. Lorsqu’il ne peut plus
taxer ni emprunter des particuliers, par rareté d’argent, il emprunte
des banques. L’opération se passe exactement comme avec moi.
La garantie, c’est tout le pays. La promesse de rembourser, c’est la
débenture. Le prêt d’argent, c’est un compte fait par une plume et
de l’encre.
Ainsi, en octobre 1939, le gouvernement fédéral, pour faire
face aux premières dépenses de la guerre, demandait aux banques
80 000 000 $. Les banques ont avancé un compte de 80 millions
sans rien enlever à personne, donnant au gouvernement une base
à chèques nouvelle de 80 millions. Mais, en octobre 1941, le gou-
vernement devait rapporter aux banques 83 200 000 $. C’est l’inté-
rêt en plus du capital.
Par les taxes, le gouvernement doit retirer du pays autant d’ar-
gent qu’il y en a mis, 80 millions. Il faut qu’en plus il retire 3 millions
qui n’y ont pas été mis, que ni le banquier ni personne n’a faits.