Page 56 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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        avaient sorti le monde de la barbarie, ouvert et civilisé des conti-
        nents. Savants et travailleurs n’étaient plus considérés que secon-
        daires dans la marche du progrès. Aux masses, la misère et le mé-
        pris; au financier exploiteur, les richesses et les honneurs!
            Dans les années 1940, les banques prêtaient en moyenne 10
        fois plus d’argent qu’elles en avaient en réserve. Cette proportion a
        changé depuis. En 1967, la Loi canadienne des Banques permettait
        aux banques à charte de créer seize fois le montant de leurs réser-
        ves en numéraire (billets de banque et pièces de monnaie). Depuis
        1980, les banques devaient détenir une réserve minimale de 5%
        en argent liquide, ce qui leur donnait le droit de créer vingt fois ce
        montant.
            En pratique,  les banques  peuvent  prêter  beaucoup  plus que
        cela, car elles peuvent  augmenter  leurs réserves en numéraire
        (billets de banque) à volonté en achetant ces réserves de la banque
        centrale (Banque du Canada) avec l’argent de comptabilité qu’elles
        ont créé. Ainsi, il a été établi en 1982, devant un Comité d’enquête
        de la Chambre des Communes sur les profits des banques, qu’en
        1981, les banques à charte canadiennes dans leur ensemble avaient
        prêté 32 fois leur capital. En 1990, aux Etats-Unis, le total des dé-
        pôts dans les banques commerciales s’élevait à 3 000 milliards $,
        tandis que leurs réserves en argent liquide s’élevaient à 60 milliards
        $ seulement, soit cinquante fois moins.
            En décembre 1991, le Parlement canadien adoptait la plus ré-
        cente version de la Loi sur les banques (qui est renouvelée environ
        tous les dix ans), qui stipulait qu’à partir de janvier 1994, le pour-
        centage d’argent liquide que les banques doivent posséder pas-
        sait à zéro pour cent! Ainsi, pour le troisième trimestre de 1995,
        les banques canadiennes  avaient  prêté plus de soixante-dix fois
        leurs réserves: pour 3,1 milliards de dollars en billets de banque
        et pièces de monnaie, le total des prêts non-hypothécaires, pour
        la même période, était de 216 milliards $, soit soixante-dix fois le
        montant d’argent liquide existant dans le pays! Et en 1997, ce chif-
        fre monte à 100 fois.
            En d’autres mots, il n’y a plus aucune limite prescrite par la
        loi. La seule limite à la création d’argent par les banques, c’est le
        fait que des individus désirent encore être payés avec du papier-
        monnaie. Alors, on comprend que les banques vont faire tout leur
        possible pour éliminer tout simplement l’usage de papier-mon-
        naie, en encourageant l’utilisation des cartes de débit, paiement
        direct, etc., pour en venir finalement à l’élimination complète de
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