Page 59 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
P. 59
Les banques créent l’argent sous forme de dette 59
Passe encore que le gouvernement retrouve l’argent qui exis-
te, mais comment trouver de l’argent qui n’est jamais venu en
existence? Le fait est que le gouvernement ne le trouve pas et
ajoute simplement à la dette publique. Ainsi s’explique la det-
te publique croissant au rythme où le développement du pays
demande de l’argent nouveau. Tout argent nouveau vient par le
banquier sous forme de dette, réclamant plus d’argent qu’il en est
émis.
Et la population du pays se trouve collectivement endettée
pour de la production que, collectivement, elle a faite elle-même!
C’est le cas pour la production de guerre. C’est le cas aussi pour la
production de paix: routes, ponts, aqueducs, écoles, églises, etc.
Le vice monétaire
La situation se résume à cette chose inconcevable. Tout l’ar-
gent qui est en circulation n’y est venu que par la banque. Même
l’argent de métal ou de papier ne vient en circulation que s’il est
libéré par la banque.
Or la banque ne met l’argent en circulation qu’en le prêtant et
en le grevant d’un intérêt. Ce qui veut dire que tout l’argent en cir-
culation est venu de la banque et doit retourner à la banque un jour
ou l’autre, mais y retourner grossi d’un intérêt.
La banque reste propriétaire de l’argent. Nous n’en sommes
que les locataires. S’il y en a qui gardent l’argent plus longtemps,
ou même toujours, d’autres sont nécessairement incapables de
remplir leurs engagements de remboursements.
Multiplicité des banqueroutes de particuliers et de compagnies,
hypothèques sur hypothèques, et croissance continuelle des det-
tes publiques, sont le fruit naturel d’un tel système.
L’intérêt sur l’argent à sa naissance est à la fois illégitime et ab-
surde, anti-social et anti-arithmétique. Le vice monétaire est donc
un vice technique autant qu’un vice social.
À mesure que le pays se développe, en production comme en
population, il faut plus d’argent. Or, on ne peut avoir d’argent nou-
veau qu’en s’endettant d’une dette collectivement impayable.
Il reste donc le choix entre arrêter le développement ou s’en-
detter; entre chômer ou contracter des emprunts impayables. C’est
entre ces deux choses-là qu’on se débat justement dans tous les
pays.
Aristote, et après lui saint Thomas d’Aquin, écrivent que l’ar-