Page 57 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Les banques créent l’argent sous forme de dette  57

        l’argent  liquide.  Elles  prêcheront  l’existence  d’une seule  forme
        d’argent, l’argent électronique: l’argent ne sera plus du papier-
        monnaie, mais un simple signal, ou unité d’information, dans un
        ordinateur.
                          Le destructeur d’argent

            Nous venons donc de voir que les banques créent l’argent
        lorsqu’elles  accordent  un  prêt.  Le  banquier  crée  l’argent,  non  pas
        l’argent  de papier-monnaie,  mais  l’argent  fiduciaire  (ou  d’écriture),
        lorsqu’il accorde un prêt aux individus ou gouvernements. Lorsque
        je quitte la banque avec mon emprunt, il existe dans le pays une nou-
        velle source de chèques qui n’existait pas avant. Avec le prêt de 100
        000 $ qui m’a été accordé, le montant total de tous les comptes ban-
        caires dans le pays a augmenté de 100 000 $. Avec ce nouvel argent,
        je pourrai payer mes employés, acheter du matériel et des machines,
        bref, construire ma nouvelle usine. Qui crée l’argent? Le banquier!
            Le banquier, et le banquier seul, fait cette sorte d’argent: l’ar-
        gent d’écriture, l’argent dont dépend la marche des affaires. Mais il
        ne donne pas l’argent qu’il fait. Il le prête. Il le prête pour un certain
        temps, après quoi il faut le lui rapporter. Il faut rembourser.
            Le banquier réclame de l’intérêt sur cet argent qu’il fait. Dans
        mon cas, il est probable qu’il va me demander immédiatement 10
        000 $ d’intérêt. Il va les retenir sur le prêt, et je sortirai de la banque
        avec un compte net de 90 000 $, ayant signé la promesse de rap-
        porter 100 000 $ dans un an.
            En construisant mon usine, je vais payer des hommes et des
        choses, et vider sur le pays mon compte de banque de 90 000 $.
        Mais d’ici un an, il faut que je fasse des profits, que je vende plus
        cher que je paie, de façon à pouvoir, avec mes ventes, me bâtir un
        autre compte de banque d’au moins 100 000 $.
            Au bout de l’année, je vais rembourser, en tirant un chèque sur
        mon compte accumulé de 100 000 $. Le banquier va me débiter de
        100 000 $, donc m’enlever ce 100 000 $ que j’ai retiré du pays, et il
        ne le mettra au compte de personne. Personne ne pourra plus tirer
        de chèque sur ce 100 000 $. C’est de l’argent mort.
            L’emprunt fait naître l’argent. Le remboursement fait mourir
        l’argent.  Le  banquier  met  l’argent  au monde lorsqu’il  prête.  Le
        banquier met l’argent dans le cercueil lorsqu’on lui rembourse. Le
        banquier est donc aussi un destructeur d’argent.
            Un banquier anglais distingué, Reginald McKenna, qui fut un
        temps  ministre  des  Finances de  son pays  (Chancelier  de  l’Echi-
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