Page 61 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Les banques créent l’argent sous forme de dette  61

            Quant aux individus, l’argent rare développe chez eux la menta-
        lité de loups. En face de l’abondance, c’est à qui obtiendra le signe
        trop rare qui donne droit à l’abondance. D’où, concurrence, dictatu-
        res patronales, chicanes domestiques, etc. Un petit nombre mange
        les autres; le grand nombre gémit, plusieurs dans une abjection
        déshonorante.
            Des malades restent sans soin; des enfants reçoivent une nour-
        riture inférieure ou insuffisante; des talents ne peuvent se dévelop-
        per; des jeunes gens ne peuvent se placer ni fonder un foyer; des
        cultivateurs perdent leur ferme; des industriels font banqueroute;
        des familles vivotent péniblement — le tout sans autre justification
        que le manque d’argent. La plume du banquier impose au public
        les privations, aux gouvernements la servitude.
            Soulignons  aussi un  point  frappant:  C’est  la  production  qui
        donne de la valeur à l’argent. Une pile d’argent, sans produits pour
        y répondre, ne fait pas vivre. Or, ce sont les cultivateurs, les indus-
        triels, les ouvriers, les professionnels, le pays organisé, qui font les
        produits, marchandises ou services. Mais ce sont les banquiers qui
        font l’argent basé sur ces produits. Et cet argent, qui tire sa valeur
        des produits, les banquiers se l’approprient et le prêtent à ceux qui
        font les produits. C’est un vol légalisé.
            Un  système d’argent-dette: L’Île des naufragés
                                  La façon dont l’argent  est créé sous
                              forme de dette  par les banques privées
                              est bien expliquée dans la parabole de L’Ile
                              des Naufragés, de Louis Even, dans laquel-
                              le, comme dans toute société, le système
                              économique  peut  être  divisé  en  deux:
                              système producteur et système financier.
                              D’un côté, se trouvent cinq naufragés sur
                              une île, qui produisent les différentes cho-
        ses nécessaires à la vie; et de l’autre, un banquier qui leur prête
        de l’argent. Pour simplifier notre exemple, disons qu’il y a un seul
        emprunteur au nom de toute la communauté, que nous appelle-
        rons Paul.
            Paul décide, au nom de la communauté, d’emprunter du ban-
        quier un montant suffisant pour faire marcher l’économie sur l’île,
        disons 100 $, à  6% d’intérêt.  A la  fin de  l’année,  Paul  doit rem-
        bourser l’intérêt de 6% à la banque, soit 6 $. 100 $ moins 6 $ = 94
        $, il reste donc 94 $ en circulation sur l’île. Mais la dette de 100 $
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