Page 52 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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52   Leçon 4

            Mais les guerres entre les seigneurs
        ou les nations et les brigandages expo-
        saient  l’or  et  les  bijoux  des  riches  à
        tomber entre  les mains des pilleurs.
        Aussi les possesseurs d’or devenus
        trop nerveux prirent-ils de plus l’habi-
        tude  de  confier  la  garde  de  leurs  tré-
        sors aux orfèvres qui, à cause du maté-
        riel précieux sur lequel ils travaillent,
        disposaient de voûtes bien protégées.
        L’orfèvre recevait l’or, donnait un reçu
        au  dépositaire  et  conservait le  métal
        pour celui-ci, moyennant une prime pour le service. Naturellement,
        le propriétaire réclamait son bien, en tout ou en partie, quand bon
        lui semblait.
            Le négociant qui partait de Paris pour Marseille, ou de Troyes
        pour Amsterdam, pouvait se munir d’or pour faire ses achats. Mais
        là encore, il y avait danger d’attaque en cours de route; aussi s’ap-
        pliqua-t-il à persuader son vendeur de Marseille ou d’Amsterdam
        d’accepter, au lieu de métal, un droit signé sur une partie du trésor
        en dépôt chez l’orfèvre de Paris ou de Troyes. Le reçu de l’orfèvre
        témoignait de la réalité des fonds.
            Il  arriva  aussi  que  le  fournisseur  d’Amsterdam,  ou  d’ailleurs,
        réussit à faire accepter par son propre correspondant de Londres
        ou de Gênes, en retour de services de transport, le droit qu’il avait
        reçu de son acheteur français. Bref, peu à peu, les commerçants
        en vinrent à se passer entre eux ces reçus au lieu de l’or lui-même,
        pour ne pas déplacer inutilement celui-ci et risquer des attaques
        des mains des bandits. C’est-à-dire qu’un acheteur, au lieu d’aller
        chercher un  lingot  d’or chez  l’orfèvre  pour payer  son créancier,
        donnait à ce dernier le reçu de l’orfèvre lui conférant un titre à l’or
        conservé dans la voûte.
            Au lieu de l’or, ce sont les reçus de l’orfèvre qui changeaient de
        main. Tant qu’il n’y eut qu’un nombre limité de vendeurs et d’ache-
        teurs, ce n’était pas un mauvais système. Il restait facile de suivre
        les pérégrinations des reçus.

                                Prêteur d’or
            Mais, l’orfèvre fit bientôt une découverte qui devait affecter l’hu-
        manité beaucoup plus que le voyage mémorable de Christophe Co-
        lomb lui-même. Il apprit, par expérience, que presque tout l’or qu’on
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