Page 51 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Les banques créent l’argent sous forme de dette 51
Leçon 4
Les banques créent l’argent
sous forme de dette
Les banques à couvertures fractionnaires
Revenons à l’exemple du prêt de 100 000 $ de la leçon précé-
dente. Aucun autre compte n’a été diminué dans la banque pour
cela. Pas un sou n’a été déplacé, soit d’un tiroir, soit d’une poche,
soit d’un compte. J’ai 100 000 $ de plus, mais personne n’a un sou
de moins. Ces 100 000 $ n’étaient nulle part il y a une heure, et les
voici maintenant à mon crédit, dans mon compte de banque.
D’où vient donc cet argent? C’est de l’argent nouveau, qui
n’existait pas quand je suis entré dans la banque, qui n’était dans la
poche ni dans le compte de personne, mais qui existe maintenant
dans mon compte. Le banquier a bel et bien créé 100 000 $ d’argent
nouveau, sous forme de crédit, sous forme d’argent de comptabi-
lité: argent scriptural, aussi bon que l’autre.
Le banquier n’est pas effrayé de cela. Mes chèques vont donner
à ceux pour qui je les fais le droit de tirer de l’argent de la banque.
Mais le banquier sait bien que les neuf-dixièmes de ces chèques
auront simplement pour effet de faire diminuer mon compte et
augmenter le compte d’autres personnes. Il sait bien qu’il lui suffit
d’une piastre sur dix pour répondre aux demandes de ceux qui
veulent de l’argent en poche. Il sait bien que s’il a 10 000 $ en réser-
ves liquides, il peut prêter 100 000 $ (dix fois autant) en argent de
comptabilité.
En termes techniques, le pouvoir des banques de prêter 10 fois
le montant de papier-monnaie qu’elles ont dans leurs coffres-forts
est appelé système de couvertures fractionnaires des banques. L’ori-
gine de ce système remonte au Moyen-Age, lorsque les orfèvres
devinrent banquiers, une histoire vraie racontée par Louis Even:
L’orfèvre devenu banquier
Si vous avez un peu d’imagination, transportez-vous quelques
siècles en arrière, dans une Europe déjà vieille mais peu progressi-
ve encore. En ce temps-là, la monnaie ne comptait pas pour beau-
coup dans les transactions commerciales courantes. La plupart de
celles-ci étaient de simples échanges directs, du troc. Cependant,
les rois, les seigneurs, les riches et les gros négociants possédaient
de l’or et s’en servaient.