Page 233 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Encyclique Laudato Si 233
206. Un changement dans les styles de vie pourrait réussir
à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pou-
voir politique, économique et social. C’est ce qui arrive quand
les mouvements de consommateurs obtiennent qu’on n’achète
plus certains produits, et deviennent ainsi efficaces pour modi-
fier le comportement des entreprises, en les forçant à considérer
l’impact environnemental et les modèles de production. C’est un
fait, quand les habitudes de la société affectent le gain des en-
treprises, celles-ci se trouvent contraintes à produire autrement.
Cela nous rappelle la responsabilité sociale des consommateurs:
«Acheter est non seulement un acte économique mais toujours
aussi un acte moral». (Caritas in veritate, n. 66.) C’est pourquoi,
aujourd’hui «le thème de la dégradation environnementale met
en cause les comportements de chacun de nous».
Conversion intérieure
217. S’il est vrai que «les déserts extérieurs se multiplient dans
notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très
grands», la crise écologique est un appel à une profonde conver-
sion intérieure. Mais nous devons aussi reconnaître que certains
chrétiens, engagés et qui prient, ont l’habitude de se moquer des
préoccupations pour l’environnement, avec l’excuse du réalisme
et du pragmatisme. D’autres sont passifs, ils ne se décident pas à
changer leurs habitudes et ils deviennent incohérents. Ils ont donc
besoin d’une conversion écologique, qui implique de laisser jaillir
toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur
les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation de
protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une exis-
tence vertueuse; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un
aspect secondaire dans l’expérience chrétienne.
229. Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les
uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des
autres et du monde, que cela vaut la peine d’être bons et honnê-
tes. Depuis trop longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation
morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de
l’honnêteté. L’heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse super-
ficialité nous a peu servi. Cette destruction de tout fondement de la
vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cher-
chant à préserver ses propres intérêts; elle provoque l’émergence
de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le déve-
loppement d’une vraie culture de protection de l’environnement.
246. Après cette longue réflexion, à la fois joyeuse et drama-