Page 210 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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210   Annexe A

        cement de la production et de la distribution des produits.
            Surtout, qu’on n’oublie pas qu’il s’agit d’une finance qui se plie
        aux réalités, et non plus de réalités qui doivent se plier à la finance.
            La méditation doit entrer dans cette étude, pour en saisir de
        mieux en mieux la lumière et sa puissance d’efficacité. Mais, le ré-
        sultat vaut l’effort.
                                                                                 Louis Even
            P.  S.  —  Dans  l’article  ci-dessus,  on  expose  le  cas  de  l’écono-
        mie des pays évolués. Leur état économique montre à l’évidence le
        désaccord entre le réel et le financier et l’injustifiable soumission du
        réel au financier.
            Mais cela ne veut pas dire que les principes du Crédit Social soient
        inapplicables aux pays sous-développés. Dans ces pays aussi, un or-
        ganisme économique sain doit faire de la finance le reflet des réalités.
        Chez eux, les problèmes de production existent encore à un degré
        pressant. Leur capacité actuelle de production étant encore faible,
        leur finance doit en être le reflet: il ne sert à rien, nulle part, d’émettre
        du pouvoir d’achat quand il n’y a pas de produits pour y répondre.
            Ces  pays  peuvent  posséder  des  richesses  matérielles,  mais
        n’avoir pas de moyens suffisants, en outils, machines ou compéten-
        ces, pour les mettre en rendement. Ils pourraient y arriver moyen-
        nant de l’aide étrangère. Il leur faudrait, par exemple, des moyens
        financiers étrangers pour se procurer de l’outillage qu’ils n’ont pas
        encore le moyen de manufacturer eux-mêmes. Mais cette aide, pour
        être vraiment bienfaisante, ne doit pas devenir un poids de dettes
        sur leur économie et faire de ces pays des colonies économiques de
        consortiums financiers ou industriels des pays plus riches.
            Les méthodes actuelles des contrôleurs du crédit ne se prêtent
        point à cette aide gratuite. Ni non plus les grands exportateurs, qui
        accuseraient des concurrents désintéressés de, nuire au marché
        international. Mais un pays évolué à finance créditiste pourrait se
        soustraire à ces considérations égoïstes. Ou, si le gouvernement
        du pays créditiste demeurait indifférent, les citoyens de ce pays,
        libérés totalement ou en partie de soucis matériels, pour peu qu’ils
        aient l’esprit de fraternité évangélique, se feraient sans doute un
        doux devoir de faire servir leur libération à en étendre les bienfaits
        à leurs frères moins favorisés. De manières qui peuvent être diver-
        ses, soit en leur faisant obtenir des biens consommables pour des
        besoins immédiats urgents, soit en leur aidant à s’outiller pour met-
        tre eux-mêmes en rendement leurs ressources locales, ou d’autres
        manières encore.
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