Page 48 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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46 5. Un super-pouvoir domine
sion et une goutte d’encre. Et, pour avoir ce permis, la population
doit s’endetter pour tout le fruit de son travail. Peut-on concevoir une
pire tyrannie économique? La plume du banquier qui consent ou
s’objecte à donner à des particuliers, à des compagnies, aux gouver-
nements le droit de mobiliser les compétences, les bonnes volontés,
les ressources naturelles de la nation; cette plume-là commande: elle
accorde ou refuse, elle conditionne les permissions qu’elle consent,
elle endette ceux, particuliers ou gouvernements, auxquels elle les
accorde. Une plume qui a la vertu d’un sceptre entre les mains d’un
super pouvoir, du pouvoir monétaire.
Après dix ans de crise économique
On a financé la guerre à coût de milliards
Voyez un peu: de 1929 à 1939, dix années de paralysie éco-
nomique. Pas un gouvernement ne se jugeait capable d’y mettre
fin. Vienne une déclaration de guerre, les permis financiers de pro-
duire, de ‘conscrire’, de détruire et de tuer, surgissent du jour au
lendemain. Ce seul fait devrait avoir ouvert tous les yeux, devrait
avoir fait comprendre à tous que la crise de dix années n’avait été
qu’une crise de refus de permis par les contrôleurs de l’argent et
du crédit et qu’il suffisait d’une décision pour y mettre fin puisque
les permis sont sortis immédiatement et ont continué d’affluer par
milliards pour financer six années de la guerre la plus dispendieuse
de tous les temps.
Et pourtant, vous trouvez encore des instruits attardés: écono-
mistes, politiciens, aviseurs financiers des gouvernements, socio-
logues clercs ou laïcs, qui refusent d’admettre que le crédit finan-
cier en circulation dépend de l’action des banques. Ces instruits,
attardés ou réfractaires à une évidence qui crève les yeux, fournis-
sent un précieux appui au super pouvoir, par leur ignorance, qui
ne peut être que crasse, si elle existe vraiment, ou par des intérêts
égoïstes qui les lient, ou par leur complicité avec une puissance sur
l’influence de laquelle ils comptent pour une promotion économi-
que ou politique.
Les banquiers de haute classe, eux, savent très bien que
le crédit financier qui forme le gros de l’argent moderne naît
et meurt dans les grands livres des banques. Un banquier an-
glais distingué, Reginald McKenna, qui fut, un temps, Ministre
des Finances de son pays, puis, plusieurs années, président de
la Midland Bank, une des cinq plus grosses banques d’Angle-
terre, disait en 1934, à une assemblée annuelle des actionnaires