Page 46 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
P. 46
44 5. Un super-pouvoir domine
La banque crée l’argent
Le banquier ne sort pas de l’argent de la banque: il inscrit sim-
plement le montant du prêt accordé; il l’inscrit au crédit du compte
de l’emprunteur comme si l’emprunteur avait déposé ce montant.
L’emprunteur ne l’a pourtant ni apporté, ni déposé, car il venait
pour obtenir de l’argent qu’il n’avait pas. L’emprunteur pourra main-
tenant tirer des chèques sur ce compte qu’il n’avait pas en entrant
et qu’il a en sortant.
Or, aucun autre compte des clients de la banque n’a été dimi-
nué; c’est donc un compte nouveau, un compte de plus, ajouté
aux comptes déjà existants. Le total des crédits dans le total des
comptes des banques du pays est donc augmenté du montant du
compte nouveau. Il y a donc augmentation du crédit financier, aug-
mentation de l’argent bien moderne qui va être mis en circulation
par les chèques de l’emprunteur sur ce crédit nouveau. Inverse-
ment, lorsque l’emprunteur rembourse à la banque du crédit précé-
demment emprunté, ce sera autant de crédit de moins dans la cir-
culation, autant de sang de moins dans l’organisme économique.
Le remboursement met l’argent dans le cercueil
Une simple opération comptable faite d’une plume et d’une
goutte d’encre avait mis le crédit financier au monde; une autre
opération comptable, lors du remboursement, met ce crédit dans
le cercueil. Il disparaît comme il avait commencé par une simple
opération de comptabilité.
Une chose est claire: si, dans une période donnée, le total des
prêts dépasse le total des remboursements, cela met plus de crédit
en circulation qu’il n’en est extrait de la circulation. Au contraire, si
le total des remboursements dépasse le total des prêts, c’est une
période de diminution du crédit total en circulation. Si la période
des diminutions se prolonge, tout l’organisme économique s’en
ressent; on appelle cela une «crise». Une crise causée par une res-
triction de crédit.
Ces périodes d’augmentation et ces périodes de diminutions
ne sont donc pas dues au hasard mais à l’action des banques. Ce
ne sont pas des vaches grasses et des vaches maigres naturelles,
ce sont des vaches bancaires, rendues grasses ou rendues mai-
gres selon le régime des prêts et celui des remboursements. Quel-
les qu’aient pu être les conditions de la vie économique dans les
siècles passés, l’argent est aujourd’hui une nécessité pour mainte-
nir en activité la production qui provient de diverses sources, qui