Page 306 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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304        33. Une finance saine et efficace

        transfert, du secteur privé au secteur public, d’une certaine partie
        de la capacité productive du pays.
            Toute hausse de prix provenant de cet ajustement serait par-
        faitement  justifiable. Elle ne serait ni spéculation ni exploitation,
        puisque tout  serait  ajusté  en fonction du rapport de la  consom-
        mation  à  la  production.  La  hausse  signifierait  une  diminution  du
        volume de la production pour les besoins privés. Le public le sau-
        rait toujours; s’il jugeait le poids trop lourd, il prierait son gouverne-
        ment de modérer ses activités du secteur public.
            La «certaine forme de taxation» exposée ci-des sus ne prétend
        pas être la seule concevable. L’essentiel, c’est que l’aspect finan-
        cier soit le reflet exact du réel. Quant au choix des méthodes, c’est
        une question de praticabilité tenant compte des circonstances et de
        l’expérimentation, tant qu’on respecte les principes.
        Tout cela signifie-t-il qu’avec un système financier créditiste, on
            n’aurait plus rien à payer aux gouvernements, ni aux munici-
            palités, ni aux commissions scolaires et autres corps publics,
            et que de l’argent nouveau viendrait pour tous leurs besoins?
            Il y a des distinctions à faire. On a bien dit que la nouvelle pro-
        duction devrait être financée par des crédits nouveaux, mais on a
        ajouté qu’il faut payer à mesure que l’on consomme. Par exemple,
        une école bâtie avec des crédits nouveaux, si elle est estimée de-
        voir durer au moins vingt ans, doit être payée par la population qui
        s’en sert, un vingtième de son prix chaque année. On l’a expliqué
        pour le pont.
            Ce n’est plus là  une  taxe-vol,  c’est  le  paiement  de  ce qu’on
        consomme. C’est aussi normal que le paiement d’un habit au tail-
        leur ou d’un pain au boulanger.
            Il en est de même pour les services publics, institués pour
        fournir aux individus ou aux familles des services qui seraient plus
        onéreux si les personnes ou les familles avaient à se les procurer
        individuellement.
            Prenons, par exemple,  le service d’eau  ou le service de vi-
        dange. Si chaque famille devait aller chercher de l’eau à un lac ou
        une rivière, ou payer pour s’en faire apporter, cela lui coûterait du
        temps, des fatigues ou de l’argent. De même pour porter ou faire
        porter ses vidanges à un dépotoir.
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