Page 293 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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33. Une finance saine et efficace               291

        devrait au contraire diminuer quand le travail diminue. Ces hausses
        de salaires sont le vol de dividendes qui devaient aller à tous.
            Il y aurait beaucoup à écrire sur cette question du dividende à
        tous, qui ahurit tant ceux qui n’ont jamais pris la peine de repenser
        des notions acceptées sans examen.
            Et que vaut l’objection de ceux qui s’obstinent à voir de l’immo-
        ralité dans de l’argent «non gagné» ? Voient-ils de l’immoralité dans
        l’héritage transmis par un père à son enfant qui n’a jamais contribué
        à créer cet héritage ? Voient-ils de l’immoralité dans les dividendes
        servis à des millionnaires qui n’ont certainement pas gagné leurs
        millions ? En voient-ils dans les plantureux traitements accordés à
        des hommes en place qui ne font absolument rien pour le peuple
        qui paie ces traitements par ses taxes ? Et que d’autres questions
        du genre on pourrait jeter à la face des anti-dividendes !
        Ainsi, dans le système financier préconisé par le Crédit  Social,
            que vous dites sain et efficace, du pouvoir d’achat parvien-
            drait  aux consommateurs de deux manières: l’une par les
            salaires, traitements et autres formes de rémunérations liées
            à l’emploi dans la production; l’autre, par des dividendes non
            liés à l’emploi.
            Oui. C’est d’ailleurs aussi le cas aujourd’hui. Ceux que la pro-
        duction emploie reçoivent une rémunération, mais les capitalistes
        reçoivent des dividendes sur leur capital, même s’ils ne sont nulle-
        ment employés à produire. Si le capitaliste est employé, son reve-
        nu lui vient des deux manières, par de l’argent lié à son emploi, et
        par de l’argent lié seulement à son capital-piastres.
            Ce serait la même chose sous un système financier créditiste,
        avec cette différence que tous les citoyens étant,  à seul titre de
        membres de la société, copropriétaires du plus gros facteur de pro-
        duction, tous recevraient un dividende périodique sur la production
        due à ce capital réel commun.

        Mais si la somme des deux, récompenses à l’emploi et dividendes
            à tous, tirent en semble sur le total des produits, quelle partie
            doit aller aux salaires et quelle partie doit aller aux dividende ?
            C’est la même question qui cause des frictions aujourd’hui entre
        la part due aux capitalistes et la part due aux travailleurs. Les capi-
        talistes disent: «Sans nos capitaux, il n’y aurait pas d’emploi, donc
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