Page 291 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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33. Une finance saine et efficace 289
été, de loin, aussi effective, pas même nos actuelles lois de sécurité
sociale.
Il est bien de reconnaître — et personne n’ose le nier — le
droit de chaque personne au moins aux biens nécessaires à la vie.
Mais allez donc exercer ce droit dans le monde actuel, quand vous
n’avez ni argent ni moyens de production ceux- ci étant de plus en
plus concentrés entre de moins en moins de mains.
Dans notre monde moderne, il est impossible à un individu de
réaliser son droit aux biens matériels sans présenter de l’argent.
L’argent est devenu une licence conventionnelle indispensable à
l’exercice d’un droit naturel.
Le dividende social, un dividende périodique à tous, un revenu
basique garanti à chacun, comme droit de naissance, revenu suf-
fisant pour couvrir au moins les nécessités de la vie, est la plus
sociale revendication de l’économie créditiste. Outre que, comme
nous l’avons dit plus haut, c’est aussi la reconnaissance du fait in-
déniable que tous les vivants sont cohéritiers des générations pas-
sées.
Mais ne serait-ce pas donner à des individus quelque chose pour
rien ?
Allez donc dire à un capitaliste qu’il obtient quelque chose pour
rien quand on lui verse un dividende sur son capital placé! Il criera,
au contraire, à l’injustice si on lui refuse son dividende.
Le cas est le même pour chaque membre de la société, co-ca-
pitaliste, cohéritier d’un capital réel, comme nous l’avons expliqué
ci-dessus — capital, d’ailleurs, bien plus essentiel que les piastres
ou autres signes monétaires qui n’ont qu’une valeur représentative.
Puis, une économie strictement d’échange ne peut pas être une
économie humaine, puisque plus de la moitié de la population n’a
rien à échanger: c’est le cas des enfants, des femmes et des filles
à la maison, des invalides, des malades, des sans emploi, des per-
sonnes âgées refusées par l’industrie, des hommes valides rempla-
cés par les machines, etc. Une économie strictement d’échange,
une économie de «rien pour rien» ne peut être aujourd’hui qu’une
économie barbare. Une telle économie sacrifie la personne à des
règlements ordonnés à l’argent, au lieu de l’être à la personne.
Traitant de la répartition des biens dans un système écono-