Page 261 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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33. Une finance saine et efficace               259

        la finance par l’épargne, sans se préoccuper de l’entaille faite dans
        le pouvoir d’achat. C’est là, non pas la seule cause, mais une des
        causes de l’écart entre les moyens de paiement du consommateur
        et les prix des produits.
        Et la troisième proposition financière de Douglas ?
            La troisième proposition introduit un élément nouveau dans le
        pouvoir d’achat:  la  distribution d’un dividende  à tous, employés
        ou non dans la production. C’est donc un facteur de composition
        du pouvoir d’achat, qui ne laisse aucun individu sans moyens de
        paiement.
            C’est la reconnaissance du droit de tous à une part de la pro-
        duction, à seul titre de co-capitalistes, de cohéritiers du plus gros
        facteur  de  la  production  moderne:  le  progrès  acquis,  grossi et
        transmis d’une génération à l’autre. A titre également de coproprié-
        taires des richesses naturelles, don gratuit de Dieu.
            C’est aussi le moyen d’entretenir un flot de pouvoir d’achat en
        rapport avec le flot de production, quand bien même la produc-
        tion se passerait de plus en plus du besoin d’employés. Ce serait
        donc la solution au plus gros casse-tête actuel, qui fait des écono-
        mistes lever les bras au ciel et qui fait les gouvernements s’ahurir
        devant l’insuccès de leur politique de plein emploi, d’embauchage
        intégral. La poursuite de l’embauchage intégral est une absurdité,
        difficile à justifier de la part d’êtres intelligents, alors que le progrès
        s’applique inexorablement à ‘désembaucher’, à libérer du besoin
        d’employés.
            Voici comment s’exprime Douglas:
                 La  distribution  de  moyens  d’achat  (cash
              credits) aux individus doit progressivement dé-
              pendre de moins en moins de l’emploi. C’est-à-
              dire que le divi dende doit progressivement dé-
              placer les émoluments et les salaires.
            Progressivement — à mesure, comme l’a exprimé ailleurs Dou-
        glas, à mesure qu’augmente la productivité par homme-heure. Ce
        qui est parfaitement conforme au réel, conforme à la participation
        prise respectivement par le travail et par le progrès dans le flot de
        production. Le progrès — bien collectif — prend de plus en plus de
        place comme facteur de production, et le labeur humain de moins
        en moins. Cette réalité devrait se refléter dans la répartition des
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