Page 53 - Sous le Signe de l'Abondance
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Droit de chacun au minimum vital 53
mum de choses nécessaires à la vie. La propriété, même privée,
a une fonction sociale à remplir. La propriété d’un bien confère au
propriétaire une sorte de gérance de son bien en fonction du bien
commun.
Mais il existe aussi nombre de biens, nombre de facteurs de
production qui restent propriété commune, dont tous les membres
de la société sont copropriétaires au même degré.
De ces biens, les uns sont visibles, concrets. Telles, dans notre
pays, les forêts de la couronne; et les puissantes chutes d’eau ali-
mentées gratuitement par la force pompante du soleil et la confi-
guration des montagnes. Ces biens-là, à qui appartiennent-ils? Ne
constituent-ils pas un véritable héritage commun, sur les bénéfices
duquel tous ont droit?
Puis, il y a les biens moins visibles, et non moins réels, non
moins producteurs, tels les développements de la science appliquée
au cours des siècles. Nous croyons même que la science appliquée
devient un facteur prépondérant dans l’abondante production mo-
derne. Qui donc soutiendra que la science est un bien privé? Il ne
s’agit pas d’ignorer les efforts personnels de ceux qui s’instruisent;
mais même l’instruction acquise par une personne lui impose une
obligation vis-à-vis de la société, puisque, pour cette acquisition,
elle a bénéficié de tout l’agencement social qui l’a permise.
Puis, il y a bien, aussi, l’organisation sociale elle-méme qui,
considérée au simple point de vue production de biens matériels,
est un facteur très important. Si chaque membre de la société de-
vait vivre isolément et voir entièrement à sa propre subsistance,
la production de chacun, la production totale serait immensément
moindre qu’elle l’est sous le régime de la division des occupations,
greffée sur l’organisation sociale. L’existence d’une société organi-
sée augmente donc considérablement la capacité de production
de l’ensemble. Cette existence d’une société organisée est-elle un
bien privé, ou un bien commun dont tous doivent profiter?
Outre le droit naturel à la vie, c’est donc aussi à titre d’héritier
des générations passées, à titre de copropriétaire d’un bien com-
mun, de beaucoup de biens communs, que chaque être humain,
membre d’une société constituée, a droit à une certaine quantité
de biens.
Le dividende national
Mais comment, de nos jours, se fait valoir un droit aux biens
offerts par le mécanisme producteur? Comment, sinon par le billet