Page 51 - Sous le Signe de l'Abondance
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Droit de chacun au minimum vital  51

                         Une honnête subsistance

            Satisfaire  aux  besoins  d’une  honnête  subsistance,  pour  tous
        et pour chacun. Mais voilà justement ce que réclament ceux qui
        exigent la garantie sociale d’un minimum vital à chaque citoyen,
        du berceau à la tombe. L’honnête subsistance, en effet, exige au
        moins:
            Une  suffisance  de  nourriture;  une  suffisance  de  vêtements;
        une suffisance de logement; une suffisance de protection pour la
        santé; une suffisance de loisirs pour reposer le corps et prendre
        soin de l’esprit.
            Et  pour  qu’elle  soit  honnête,  cette  subsistance,  faudrait-il  lui
        sacrifier la liberté, la liberté qui est le plus bel apanage de la per-
        sonne  humaine?  Pour  qu’il  soit  garanti,  ce  minimum  qui  consti-
        tue une honnête subsistance, faut-il d’abord qu’on s’entretue sur
        des champs de bataille? Ou, pour que les biens de la nature et de
        l’industrie atteignent les familles, faut-il, en temps de paix, qu’une
        proportion grandissante des citoyens soit embauchée par l’Etat?
        Faut-il qu’à mesure que la science place l’énergie solaire et les ma-
        chines au service de l’homme, l’homme soit jeté dans les mailles
        du socialisme d’Etat?
            Une subsistance conditionnée par de telles servitudes cesse-
        rait d’être honnête. L’honnête subsistance ne peut pas signifier la
        subsistance de l’esclave devenu la chose de son maîitre, même si
        ce maître s’appelle l’Etat. L’honnête susbsistance — objectif papa-
        lement tracé de tout organisme économique et social sainement
        constitué.

                     Droit inhérent à la vie en société
            Mais, quand bien même le saint Père n’aurait jamais défini cet
        objectif, est-ce que la simple raison ne nous le désigne pas? Cha-
        que fois que des hommes s’associent, n’est-ce pas pour obtenir
        plus facilement, par leur association, ce que chaque associé désire
        mais ne peut que plus difficilement obtenir seul? Cela est vrai de
        n’importe quelle entreprise, et cela est vrai de la grande association
        qui s’appelle société. Aussi, dès que, dans la société, commencent
        les frustrations pour des membres, dès que des personnes, de plus
        en plus nombreuses, cessent de retirer les avantages devant ré-
        sulter de la vie en société, les forces de dislocation, les forces de
        l’anarchie commencent.
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