Page 57 - Sous le Signe de l'Abondance
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Chapitre 13
Héritage et héritiers
«La science et l’industrie sont l’héritage intellectuel
des nations.» (Larousse Illustré du Vingtième Siècle)
La science appliquée à l’agriculture, à l’industrie, au commerce,
aux communications, a fait des progrès énormes, surtout depuis
un siècle et demi, plus particulièrement depuis une cinquantaine
d’années.
L’homme avait dès longtemps appris à multiplier, par les machi-
nes simples, la force de ses muscles et celle des animaux; il utilisait
aussi quelques forces inanimées, comme celles du vent et de l’eau.
Mais depuis qu’il sait exploiter l’énergie solaire fossilisée sous for-
me de charbon ou de pétrole; depuis qu’il distribue à des centaines
de milles, par de simples fils métalliques, la force tombante des
masses d’eau; depuis que la chimie est passée du laboratoire dans
l’industrie, les progrès ne se mesurent plus, le problème de la pro-
duction est résolu.
Aveugles ou obstinés?
Et il en est qui n’ont pas encore compris cela, qui croient que
l’homme doit être pauvre et avoir beaucoup de misère à gagner sa
vie. Vous parlez de l’héritage accumulé par les générations, de la
terre conquise par les labeurs et le cerveau de l’homme; ils vous
ripostent que nous naissons endettés. Les richesses débordent,
mais un système financier faux, absurde, menteur, diamétralement
opposé aux faits réels, change les héritiers en débiteurs.
Oh! leur logique!... Il paraît que Champlain et les vaillants qui
plantèrent la croix, la charrue et la civilisation dans les forêts du
Canada; après eux, leurs successeurs de trois siècles qui ont amé-
lioré l’agriculture, fait surgir des villes et des industries — toute cet-
te lignée de travailleurs n’a laissé aux Canadiens vivant au milieu
du vingtième siècle qu’un héritage de dettes? Et dans vingt-cinq
autres années, que sera cette dette dont hous ne pouvons même
pas toujours payer les intérêts aujourd’hui?
Un défricheur courageux s’en va ouvrir une terre neuve. Sa tâ-
che est de changer en ferme productive un fouillis de bouleaux et
d’autres pauvres essences, car le beau bois est depuis longtemps
parti, soit brûlé par l’incendie, soit enlevé par les marchands de
bois ou les compagnies papetières. Cet homme, sa femme et ses