Page 58 - Sous le Signe de l'Abondance
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5    Chapitre 13

        mioches vont peiner trente, quarante ans, avec bien des chances de
        laisser au plus vieux des gars une ferme hypothéquée, aux autres
        rien que le souvenir de leurs vertus. De nos bois, de nos terres, de
        nos usines semble sortir une voix qui parodie: «Tu feras des dettes
        à la sueur de ton front».
            Un enfant vient de naître; le baptême ne l’a pas encore fait fils de
        l’Eglise qu’il est déjà débiteur. Des dettes fédérales, municipales, sco-
        laires, de fabrique, remplissent l’atmosphère autour de son berceau.
        Il est né dans la dette. Il grandira dans la dette. Il travaillera — s’il en
        a la chance — pour payer des dettes accumulées, tout en grignotant
        quelques miettes qui soutiennent son pouvoir de gain et l’empêchent
        de se révolter tout à fait, jusqu’à ce qu’il meure dans la dette.
            Et vous parlez d’héritage! Mais en voilà un fameux héritage!
                      Quand la bêtise tient les rênes
            C’est qu’en effet, sous le système illogique d’aujourd’hui, plus un
        pays acquiert d’actif, plus il augmente sa dette «financière». Le tra-
        vailleur crée de la richesse, le parasite gère la finance. Et comme, mal-
        gré tous les beaux discours qui disent le contraire, on place la finance
        au-dessus de l’homme, le parasite est maître, le travailleur esclave.
        Dites au travailleur qu’il est héritier, le parasite lui fera dire que vous
        êtes un utopiste, un semeur de désordre, un destructeur du moral.
            Un système qui existe pour le profit de quelques-uns et l’as-
        servissement des peuples ne veut pas admettre l’héritage réel, le
        grand actif légué à une génération par toutes celles qui l’ont pré-
        cédée.
            Mais le Crédit Social, qui a perdu tout respect pour les vieilles
        idoles et leurs grands-prêtres, proclame bien haut l’existence de
        l’héritage et les droits des héritiers.
            Il ne s’embarrasse pas des teneurs de livre qui vous récom-
        pensent par une dette de quarante ans quand vous avez réussi à
        construire un pont à travers le Saint-Laurent. Ces farces-là nous ont
        fait trop de mal pour que nous n’en fassions pas litière complète.
                             L’héritage culturel
            Les Créditistes appellent héritage culturel — «le vaste héritage
        des découvertes et des inventions, de la culture et du savoir, de
        l’organisation  tant  sociale  que  politique  ou  industrielle,  de  l’édu-
        cation, des aspirations, des idéals transmis et développés de gé-
        nération en génération... Collectivement, cet actif forme l’héritage
        culturel commun de l’humanité».
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