Page 47 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 47
Chapitre 10
Redressement monétaire
Qui doit faire l’argent?
C’est saint Louis, roi de France, qui di-
sait: «Le premier devoir d’un roi est de
frapper l’argent lorsqu’il en manque pour la
bonne vie économique de ses sujets.»
Il n’est pas du tout nécessaire ni recom-
mandable de supprimer les banques, ni de
les nationaliser. Le banquier est un expert en
comptabilité et en placements: qu’il continue
à recevoir et à faire fructifier les épargnes,
prenant sa part équitable de profits. Mais
Saint Louis IX manufacturer l’argent est un acte de souve-
raineté qui ne doit pas être lié à la banque.
Il faut sortir la souveraineté de la banque et la replacer entre les
mains de l’Etat.
L’argent de chiffres est une bonne invention moderne, qu’il faut
garder. Mais au lieu d’avoir leur origine sous une plume privée, à
l’état de dette, les chiffres qui servent d’argent doivent naître sous
la plume du souverain, à l’état d’argent serviteur.
Rien donc à bouleverser dans la propriété ni dans les experti-
ses. Pas besoin de supprimer l’argent actuel pour en mettre d’autre
à sa place. Il faut seulement que le gouvernement lui-même, au
nom de la société, institue un système qui ajoute de l’argent de
même nature à celui qui existe déjà, selon les possibilités et les
besoins du pays.
A cette fin, le gouvernement doit établir un organisme moné-
taire, un Office National du Crédit. Les comptables de cet Office,
bien que nommés par le gouvernement, ne prendraient point de
lui leurs décisions. Ils ne dicteraient rien non plus aux producteurs
ou aux consommateurs. Leur fonction consisterait simplement à
accorder le mécanisme d’émission et de retrait d’argent au rythme
de la richesse produite ou consommée par des producteurs et des
consommateurs libres. Un peu comme l’organisme judiciaire: les
juges sont nommés par le gouvernement; mais leurs jugements
sont basés uniquement sur la loi et sur les faits exposés, deux
choses dont ils ne sont ni les auteurs ni les instigateurs.